Une belle découverte que l'écriture acérée de Giulia Caminito, un retour sur l'enfance, sur les années passées, les espoirs et les déceptions. C'est à la fois poétique et acerbe. Gaïa est la narratrice, elle nous présente sa famille formidablement italienne. Sa mère Antonia honnête, féroce et déterminée qui porte le foyer sur ses épaules depuis que son mari a perdu l'usage de ses jambes après un accident de travail. Il y a aussi le grand frère et les jumeaux, tout ce petit monde ne dépend que de la débrouillardise et de l'ingéniosité d’Antonia pour ne pas sombrer dans la précarité et a garder la tête haute peu importe les circonstances. Antonia place tous ses espoirs en Gaïa, elle fera des études et lui rendra leur honneur. Quand aux enfants, ils doivent apprendre à survivre en alimentant une rage sourde. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux livres et aux personnages d'Elena Ferrante et cela m'a aidée à m'immerger. Le personnage de GaÏa m'a fait osciller entre pitié et antipathie, ce n'est pas une fille comme les autres et sa façon de gérer les coups durs en répondant par la violence est assez dévastatrice. La grande partie du récit se passe près du Lac de Bracciano, il y a un côté sombre dans ces eaux calmes qui cache une cité disparue. Les fantômes ne sont pas loin. Une histoire de femmes, de mère, de fille, et d'amitié pour un roman profondément ancré dans la réalité. On se demande jusqu'où va l'identification de l'auteure dans l'adolescence et plus tard la vie d'adulte de Gaïa. Sans sombrer dans le mélodrame, elle parvient à nous emporter dans une analyse sociétale des années 2000 comme je ne l'avais jamais imaginée. Un final qui vient boucler la boucle nous ôtant tout espoir d'une méritocratie sur fond de grande précarité. Bonne lecture.
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