Né d’aucune femme est un roman tout ce qu’il y a de plus noir, l’auteur nous donne à voir le côté intime et profond de l’âme humaine. Nous allons suivre une toute jeune fille presqu’une enfant car à quatorze ans on est encore dans l’enfance même si on est l’ainée d’une fratrie de quatre filles. C’est au travers de la révélation des cahiers de Rose que Gabriel, curé de son état va nous livrer un récit unique et touchant. Tout débute par une confession et la visite d’un ancien Monastère transformé en asile d’aliénés. A partir de ce moment nous entrons de plein pied dans l’écriture captivante si réaliste et au combien taiseuse de l’auteur, pour ceux qui ont déjà lu Plateau, Grossir le ciel et Glaise, c’est l’assurance de retrouver une certaine ruralité, un côté bourru et à la fois une poésie derrière les lignes qui m’a bien souvent émue. Difficile de poser la date de ce récit mais pour ma part je l’ai situé à l’époque de Maupassant et à dire vrai je trouve que ça colle parfaitement. J’ai aimé la construction du roman où chaque personnage prend la parole. On trouve tous les traits de caractères, leurs différentes façons de s’exprimer et de penser, jusque dans les détails chacun des personnages possède une belle épaisseur et cela donne au récit toute sa profondeur. Bien entendu le point central du métier, reste notre Rose. C’était un témoignage fort sur ce que l’on peut vivre dans l’impuissance la plus totale, la condition féminine bafouée et Rose porte tout cela avec une force de caractère admirable et une belle intelligence. Elle porte en elle cette lumière qui ne s’éteindra pas même si elle se confronte avec la noirceur des uns, la soumission et la lâcheté des autres. La seule chose qui m’a gênée, juste le temps pour moi de m’y habituer, c’est la manière dont sont écrits les dialogues, sans ponctuation, à la suite les uns des autres, de quoi me perdre régulièrement. Ce récit est magnifique et le final que nous découvrons est comme une très belle cerise sur ce beau gâteau. Bonne lecture.