Tout est une question de thème
Je ne comptais pas parler de ce livre, mais les commentaires que j'en ai lu sur livraddict me donne envie de le défendre. En effet, on l'accuse de n'avoir aucun intérêt. Bon, on relève aussi le style d'Anna Gavalda, avec ses énumérations interminables, que personnellement, j'adore, mais qui ne conviennent pas à tous, je le conçois. Je ne conteste pas cet argument, il faut de tout pour faire un monde, et des goûts et des couleurs, on ne discute pas. Mais sur le manque d'intérêt de l'histoire, j'aimerais m'exprimer.
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Garance, Lola, Simon, trois frère et soeurs entre vingt et trente ans, se rendent au mariage d'une parente. Envisager la confrontation avec la famille à cette occasion n'est pas agréable, mais l'envie de se revoir, et de revoir leur frère Vincent l'emporte sur leur réticence.
Seulement voilà, Vincent ne vient pas. Contrairement à ses trois autres frère et soeurs, il a laissé la réticence l'emporté et a préféré rester travailler dans le château où il a été engagé comme saisonnier. Le mariage, du coup, perd tout son intérêt, et plutôt que d'y rester, Garance, Lola et Simon préfèrent s'échapper, rejoindre leur frère et passer le week end avec lui. Parce que c'est ça, qui est important. Parce que c'est ça qui compte. Parce que rien ne remplacera ça.
J'ai deux frères, avec qui j'ai plus ou moins perdu contact.
Je n'aurais sans doute jamais l'occasion de leur dire, mais ils sont la meilleure chose qui me soit jamais arrivée dans mon enfance. Ils ont été le sel de ma vie, le petit truc en plus qui fait qu'on se dit qu'on est pas seule, qu'on n'existe pas pour rien. Je sais que je n'ai pas été une soeur facile. Je sais même que j'ai été une soeur chiante, j'étais l'ainée, voyez-vous, on peut pas s'empêcher de jouer les mamans n°2 quand on est l'ainée, à fiortiori quand on a rien de mieux à faire de sa vie. Mais oui, je sais exactement où est l'intérêt du roman. Il est de décrire cette chose indescriptible, ce petit lien invisible qui unit des frères et des soeurs.
Je comprends qu'on ne voit pas l'intérêt de cette description, quand on n'a pas vécu d'expérience semblable. J'ai bien des amis qui s'entendent mal avec leur fratrie et à qui ce livre ne parlerait sans doute pas. Je comprends même qu'on ne voit pas l'intérêt de cette description quand on a vécu une expérience semblable. Après tout, on l'a vécue, quel besoin de voir que d'autres la vivent aussi.
Mais voilà, quand j'ai commencé ce livre, j'étais seule avec ma tête, à penser à ma vie, à tout ce qui avait foiré dedans, et à toutes les raisons pour que ça ne s'arrange pas avant longtemps. J'ai ouvert ce livre, et je me suis échappée belle, pour de bon. J'ai pu me rappeler que tout n'avait pas été loupé dans ma vie, que j'ai eu des frères, d'abord des frères de sang, et plus tard des frères de coeur, et que c'est déjà bien même si la vie n'est pas drôle et qu'il n'y a pas de raison pour qu'elle le devienne.
Par contre, j'aimerais bien comprendre l'intérêt du dernier chapitre, à la troisième personne. Foin de frère et soeur, on voit la narratrice des chapitre précédents tout foutre en l'air pour commencer une nouvelle vie, dont on ne comprend pas très bien en quoi elle va être meilleure que la précédente. Ce n'était plus le sujet, ce n'était plus ce qui m'intéressait.
Alors, d'accord, j'ai lu ce livre parce qu'il y avait Anna Gavalda écrit dessus. Mais non, je n'ai pas aimé juste à cause de l'auteur. Le livre m'a parlé, comme m'a parlé "Je l'aimais", comme ne m'a pas parlé "Ensemble, c'est tout". Tout est une question de thème. Tout est une question de lecteur. Parce que le style d'Anna Gavalda, c'est avant tout d'aller au plus simple, au plus vrai, et ensuite, la rencontre entre le sujet et le lecteur se fait ou ne se fait pas. Si ça ne se fait pas, ce n'est pas l'échec d'Anna Gavalda. C'est juste que ce sujet-là n'était pas fait pour ce lecteur là.