Un portrait féminin lumineux

L'école de la chair est un roman lumineux, la prose de Mishima se déploie dans toute son intelligence et sa finesse et nous présente le portrait d'une femme quarantenaire qui pensait tout connaître de l'amour mais qui va découvrir par sa rencontre avec un jeune homme au charme magnétique que la vie n'a pas fini de lui apprendre des choses sur le monde et sur elle-même.

C'est dans l'apparente futilité des détails que se blottie l'intériorité des personnages - là réside toute la force du roman. Mishima cache dans des descriptions séduisantes de mode, de décoration et de repas luxueux, les abysses et les tourmants de Taeko, le personnage principal. De cette manière, il nous dévoile implicitement l'univers intérieur de Taeko, en commençant par la description de ce qu'elle veut bien montrer, le spectacle de sa vie. Et sans s'en rendre compte, nous voilà plongés dans les coulisses, de l'autre côté du miroir, cela grâce à un langage secret fait de métaphores mystérieuses qui prennent leur sens si l'on veut bien se fondre dans la poésie de leurs images et écouter ce qu'elles ont à nous dire. Je pense à la métaphore du désert notamment, qui révèle implicitement la peur, fondamentale chez le personnage, d'un basculement dans un monde vide et dérisoire.

Voici un roman qui se déguste et d'où l'on sort heureux et admiratif du style de Mishima et de sa faculté à saisir un portrait aussi juste et sincère de personnages féminins fondamentalement libres et intelligents.