Martin Winkler, écrivain et médecin engagé offre avec « L’école des soignantes » une utopie féministe de grande ampleur.
Nous sommes en 2039, plongés dans un univers médical d’un nouveau genre.
Il est ici question du soin dans son sens le plus profond, le plus noble : du soigné.e au soignant, du soignant au soigné.e, du parent à l’enfant, de l’ami.e à l’ami.e, de l’être humain à l’animal.
Dans le centre hospitalier holistique de Tourmens, tout système de domination doit disparaître.
Le soin repose sur l’empathie et l’écoute. Le patient est au cœur du soin, acteur de son soin.
Les minorités sont mises en scène et valorisées : personnes trans, femmes célibataires sans enfants, familles homo-parentales et Hannah, jeune homme asexuel.
Il décrit avec respect et empathie ses personnages pour les révéler dans leur complexité et évite ainsi l’écueil de la catégorisation et des stéréotypes.
Le récit est traversé par de magnifiques anaphores : « Je suis celle », un hommage aux femmes à travers les âges et les différentes contrées du monde, ainsi qu’aux difficultés qu’elles rencontrent.
L’engagement féministe de Winckler se poursuit et va jusqu’à modifier notre grammaire : le féminin l’emporte sur le masculin. Les prénoms ne sont plus genrés mais choisis pour leur poésie et leur beauté.
C’est dans les mots que nous pensons, et pour une véritable égalité, l’auteur propose de renverser l’asymétrie des genres grammaticaux et se prête à l’exercice avec brio.