Deux narratrices : la concierge d'un immeuble de la très très haute bourgeoisie parisienne et une habitante du dit immeuble, une petite fille de 12 ans. Toutes deux passent leur temps à jouer les imbéciles sans saveur lorsqu'elles ont de la compagnie, à dévorer le monde à travers livres, films, musique et morceaux de chocolat ou thé au jasmin lorsqu'elles sont seules.

Une myriade de personnages secondaires : d'un ministre du gouvernement au clochard d'à côté en passant par toute la population, permanente ou passagère, humaine ou animale, maîtresse ou domestique, de six étages d'appartements de plusieurs centaines de mètres carrés chacun, sans oublier quelques individus du reste du monde.

Trois rencontres plus une : celle des narratrices entre elles, bien sûr, qu'on attend dès le début, celle de chacune d'entre elle avec un nouveau venu dont l'arrivée bouleverse la communauté et enfin mais surtout, celle du lecteur avec tout ce beau monde.
Si chacun des personnages principaux semble trouver dans la découverte des deux autres le salut qu'il n'espérait plus, on ne peut pas en dire autant, en ce qui me concerne du moins, de la lectrice.

Les premières pages sont pourtant prenantes, présentant une force des personnages qui promet de belles et denses propositions, laissant entrevoir des pistes de réflexions originales et courageuses sur la vie, la condition humaine, l'un, les autres, le rapport entre les deux, tout ça, tout ça.

On découvre par la suite que les travers humains dénoncés sont des clichés énormes donc par définition déjà connus et on ne se laisse pas convaincre par la seule expiation proposée, la culture, avec un grand cul comme diraient certains, quasiment portée comme l'étendard militant d'une cause injustement oubliée (pourtant défendue depuis 1959 par un ministère au budget 2010 de presque 3 milliards d'euros), auto-suffisante et standardisée à en pleurer : les œuvres de Tolstoï, de Mozart ou des peintres hollandais sont indéniablement bouleversantes, elles ont aussi déjà été maintes et maintes fois défendues comme telles.

En fait de la force et de l'originalité espérées, on a du mal à finir la première partie, puis la seconde et les suivantes, dont le souffle nouveau ne dure au mieux que quelques paragraphes, et on achève l'ouvrage content qu'il n'y ait pas plus de pages. Quelques passages sonnent juste mais même le style dynamique, rapide, entraînant, parfois agréable, souvent agaçant, trop artificiellement exalté et finalement oublié, ne les sauve pas d'une noyade dans l'ennui d'avoir à lire jusque dans l'intimité de personnages qu'on a d'abord cru uniques et attachantes autant de clichés sur les riches, les pauvres, leurs représentations du monde, la culture et le reste. L'unicité disparaît, l'attachement reste, peut-être quelques jours (voire semaines, qui sait ?), la déception aussi.
Aliceenligne
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le 15 févr. 2013

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