Bien souvent exclusivement présenté comme "un magnifique roman d'amitié", je trouve que c'est ne pas faire honneur au livre que de le résumer ainsi, alors qu'un autre aspect me semble éminemment plus beau et essentiel à l'intrigue : la relation entre Danny, jeune hassidisme d'une intelligence peu commune destiné à succéder à son père et ce-dernier, tzadik de leur communauté
Alors oui, l'histoire est raconté du point de vue de Reuven, meilleur ami de Danny à la suite d'un malencontreux accident de base-ball. De ce fait, il est normal de s'intéresser à la relation qui unit les deux garçons puis hommes et de découvrir comment celle-ci conditionne ce qu'ils sont et deviennent l'un comme l'autre au fil de leurs études et de leurs choix respectifs.
Mais aussi belle que soit leur amitié, et importance pour eux dans leur développement, elle n'est que peu de chose face à l'amour que peut ressentir Danny pour son père et inversement. Un amour bien cruel sans doute, souvent maladroit, enfermé dans des enjeux aussi lourds que vains... Mais qui finit par s'exprimer avec une force que j'ai rarement vu, enfin, en cinq pages extraordinaires qui concluent presque l'ouvrage et qui balayent avec une facilité déconcertante les 350 pages qui ont pu les précéder, souvent passionnantes, quelques fois ennuyantes.
Cela mis à part, il est étonnamment passionnant d'apprendre autant de choses sur le hassidisme mais, par dessus-tout, de suivre avec un réel intérêt les différents débats et discussions des personnages sur l'interprétation du Talmud (même si on nous épargne souvent l'essentiel). La méthode en tant que telle est passionnante. On en ressort sans doute un peu plus cultivé et un peu plus ouvert sur un monde qui, pour moi en tout cas, n'est pas forcément très connu. Je trouve qu'il est très réussi de la part de l'auteur d'avoir su présenter le hassidisme avec objectivité et autant d'humanité.