Toutes les révoltes sont non seulement ordinaires, mais mortellement ennuyeuses. Elles sont toutes faites sur le même moule. Leur principe moteur est la dépendance à l'adrénaline ainsi que le besoin de pouvoir personnel. Tous les révolutionnaires sont des aristocrates en chambre. C'est pourquoi il m'est si aisé de les convertir.
De même qu'être considéré comme un dieu, comme je l'étais sans conteste, peut être une source d'indescriptible lassitude. Il m'est plus d'une fois venu à l'idée que l'ennui divin était une raison valable et suffisante pour que soit inventé le libre arbitre.
[...] il n'avait pas, dans sa vaste mémoire, le souvenir d'avoir jamais contemplé un visage pareil. Il était presque carré, avec une bouche si large qu'elle donnait l'impression de contourner les joues.
C'est étrange, songea Leto, comme elle est capable de mettre des majuscules aux mots rien qu'avec sa voix.
La police observe toujours que les criminels prospèrent. Il faut qu'un policier soit véritablement borné pour ne pas constater qu'une position d'autorité est la plus prospère des positions criminelles que l'on puisse atteindre.
Mais le meilleur prophète est celui qui vous conduit au rideau et l'écarte lui-même un instant pour vous laisser regarder.
Le passé devenait une accumulation de regards fixés sur l'extérieur, comme des rangées d'yeux de poissons glauques, alors que Hwi était vibrante de vivacité. Les courbes grecques de sa bouche étaient faites pour murmurer un chant delphique, mais aucune syllabe prophétique n'en sortait. Elle se contentait de vivre en s'ouvrant comme une fleur exhalant perpétuellement des senteurs odoriférantes.
Leto ne répondit pas. Ses pensées étaient encore perdues dans le tourbillon de la nuit. Pas seulement celle qui venait de prendre fin, mais les millions et les millions d'autres qui encombraient ses passés – les étoiles et les nuées, les orages et les cieux noirs constellés des fragments scintillants d'un cosmos éclaté, d'un univers aussi prodigue de ses nuits que lui-même l'avait été de ses battements de cœur.
Traduction par Guy Abadia.