Un recueil de conférences données dans les 1900-1910 à propos de la nature de cette «énergie spirituelle» capable de création, et qui est si importante pour Bergson qu’il en fait la raison d’être même de l’évolution. La première conférence, «La conscience et la vie», est un texte d’anthologie, dont de nombreux passages se retrouvent dans les manuels de philosophie, et qui parvient, de manière claire et concise, à résumer la quasi-totalité de la doctrine de Bergson.
La seconde, «L’ame et le corps», nous synthétise tout aussi clairement les reproches adressés par l’auteur au matérialisme, dans sa forme plus spécifique d’un strict parallélisme cerveau/esprit. Cette conférence est à compléter par la dernière, et moins longue, de l’ouvrage, qui produit un argument original, mais à vrai dire assez alambiqué, montrant que ce parallélisme repose sur le passage subreptice d’un type de description à un autre, pourtant incompatible avec le premier.
Les conférences restantes sont consacrées à l’analyse de phénomènes plus pointus : les «recherches psychiques» (sur la télépathie), le rêve, la fausse reconnaissance, l’effort intellectuel. Les deux premières apportent des précisions tout à fait intéressantes sur la conception qu’a Bergson du «moi». A propos de la «fausse reconnaissance», Bergson prend position dans un débat à vrai dire à assez technique avec les psychologues de son temps, mais d’une manière qui apporte des lumières sur sa théorie de la perception et de la mémoire. La conférence sur l’effort intellectuel est sans doute à réserver à des spécialistes, bien qu’elles contiennent des informations tout à fait intéressantes sur la manière dont une unité psychique peut se décomposer en une pluralité, ce qui est, comme Bergson le souligne lui-même brièvement au terme de la conférence, une tendance fondamentale de l’évolution.