Entre Silent Hill et Zelda : un conte enneigé qui parle aux rêveurs de tout âge

Paru en 2017, L'Enfant, la baleine et l'hiver est la suite très attendue de L'Enfant et la baleine, ce petit bijou qui avait su bousculer le carcan des mascottes littéraires pour enfants comme Tchoupi, Poppi, et consorts. Ici, Benji Davies s’attaque à un sujet délicat : l'absence parentale, les responsabilités et... les sandwichs. Est-ce que ce second tome parvient à maintenir le souffle de l'original, ou se contente-t-il d’un simple recyclage de ses propres flocons d’idées ?


Une baleine protectrice... ou une psychanalyse déguisée ?

Dès les premières pages, on retrouve Noé, petit garçon esseulé dans un abri de fortune qui n’est autre que le bateau abandonné de son père. Sous sa couverture jaune, il attend... et voilà qu’arrive la baleine, cette créature immense et bienveillante. Mais est-ce vraiment une baleine ? On pourrait y voir la réincarnation de la mère absente, revenue pour protéger son enfant. Une métaphore puissante, certes, mais qui soulève une question tout aussi poignante : à quoi sert le père, dans tout ça ?


Le texte de Davies semble subtilement pointer du doigt un problème de société : ces pères fantômes qui s’évaporent, laissant derrière eux des mères célibataires à bout de souffle. Pendant que certains philosophent sur l'éducation des enfants autour d’un pastis au PMU, qui s’occupe de protéger Noé dans la neige ? Une baleine. Pas très réaliste, mais hautement symbolique.


Zelda, Silent Hill et divinités égyptiennes : un conte ou un patchwork geek ?

Si le premier tome flânait dans les eaux de la mélancolie, ce deuxième volume s’enfonce dans l’onirisme glacé, frôlant parfois le cauchemar. La baleine n’est-elle pas une sorte de poisson-rêve, à la manière de celui de Zelda: Link’s Awakening ? Les déplacements de Noé dans la neige rappellent les brumes oppressantes de Silent Hill, et ces six chats omniprésents ne sont pas sans évoquer des émissaires divins d’un panthéon oublié. Bastet, es-tu là ?


Benji Davies serait-il secrètement un gamer invétéré ? Ou a-t-il simplement décidé de remplir son histoire avec autant de symboles qu'un film d'auteur prétentieux ? Une chose est sûre : l’effet fonctionne. Les enfants y verront un rêve magique, les parents un labyrinthe d'interprétations métaphysiques – et quelques-uns une envie soudaine de rejouer à la Super Nintendo.


La neige, c’est pratique (et économique)

Côté illustrations, on ne peut nier la beauté de la patte graphique de Davies. Mais un œil averti ne pourra s’empêcher de remarquer une certaine paresse. En effet, plusieurs plans semblent directement copiés du premier tome, à ceci près qu’on y a rajouté de la neige. Une économie de moyens qui, à première vue, peut agacer, mais qui, au fond, illustre bien les difficultés du monde impitoyable de la littérature jeunesse.


Et puis, il y a cette scène finale avec deux mouettes qui se disputent un sandwich. Encore une fois, un recyclage du premier tome. Faut-il y voir une critique sociale des inégalités de répartition des richesses, ou juste un dessinateur pressé qui s’est dit : « Oh, ça avait marché la première fois, pourquoi pas maintenant ? » Mystère.



Avec L’Enfant, la baleine et l’hiver, Benji Davies livre une suite qui, malgré quelques redites, parvient à captiver par sa profondeur émotionnelle et son ambiance onirique. Si l'auto-plagiat graphique peut faire sourire, il ne nuit pas au charme du récit, qui réussit à parler aux petits comme aux grands. Entre métaphores puissantes, symboles intriguants et une atmosphère à la fois magique et glaçante, l’œuvre propose un voyage sensoriel unique.

Les enfants y verront une aventure pleine de tendresse et d'espoir, tandis que les adultes se perdront dans des réflexions inattendues sur la parentalité et les mystères du rêve. Certes, quelques flocons d’innovation supplémentaires auraient été appréciés, mais le charme opère.

P.S. : Cette critique est évidemment un délire total, où la mauvaise foi et les interprétations absurdes règnent en maîtres. Aucun sandwich, PMU ou Silent Hill n’a réellement été maltraité dans l’écriture de ce texte.

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