l'enseignement du néant

Datée, puisque paru en 1999, la thèse d'Adrien Barrot était déjà brûlante. Claude Allègre était alors ministre de l'éducation, il a tenu ce propos « Il y a dans l’enseignement une tendance archaïque, ils n’ont qu’à m’écouter, c’est moi qui sais » et "« sauf que c’est fini. Les jeunes (et même les très jeunes)
n’en veulent plus ».
Adrien Barrot, alors jeune prof de philo, en est ulcéré (on le serait pour moins que ça) et donc décortique pour le lecteur tout ce que cette phrase implique.
Outre l'infantilisation odieuse du personnel enseignant, le statut de l'élève passe à celui de "jeune" (et même très jeune), l'école devient une arène.
L'arène, ont le sait, est un espace de combat (les taureaux mis à mort) et aussi un espace de débat d'idées (voir nos débats à l'Assemblée) où donc la violence est de mise. Oû "L'école est aujourd'hui un lieu où il est légitime de tout faire, sauf s'asseoir derrière une table et écouter un cours. »

La refonte des programmes, qui est inhérente à chaque changement de ministre, a accompagné cette mise à mort, en privant l'enseignement de toute la substance qui en garantissait l'ordre moral. Il n'y a plus de pédagogie puisque les professeurs n'ont plus le droit d'enseigner à "penser par eux-mêmes" à des jeunes de plus en plus livrés à eux-mêmes, abrutis dès leurs premiers mois par les écrans et la démission des parents.