L’Epouse de bois est à mes yeux un pure chef d’œuvre. Vous n’en avez jamais entendu parler ? Quoi de plus normal, encore l’une de ces perles que personne n’a mis en avant, et que j’ai découvert avec plaisir. Alors, je vais vous faire une session de rattrapage, en espérant vous séduire...

L’Epouse de bois (« The wood wife ») est un roman écrit par une figure de la littérature américaine renommée, Terri Windling. Peintre, dessinatrice, écrivain, éditrice de fantasy reconnue, il s’agit de son premier roman traduit en français. Pour cela il faut remercier André-Francois Ruaud et sa maison d’édition encore trop confidentielle Les moutons électriques.

Comment peut-on mourir noyé dans le lit d’une rivière asséchée du désert de l’Arizona ? C’est la question que se pose Maggie Black, à propos de l’étrange décès du célèbre poète David Cooper, avec lequel elle correspondait depuis près de vingt ans sans jamais l’avoir rencontré. Sa surprise est d’autant plus grande lorsqu’elle apprend qu’il lui a laissé tout son héritage dans son testament. Ces deux mystères vont pousser Maggie à aller s’installer quelques semaines dans la villa du vieux poète, officiellement pour trier des papiers, mais surtout pour découvrir le sens de cette histoire.

Jamais je n’avais lu de roman de fantasy situé dans les plaines arides et désertiques de l’Arizona, et Terri Windling réussit cet exercice avec beaucoup de style. Une fois le roman terminé, ma première envie à été de partir en voyage pour voir de mes propres yeux les gigantesques forêts de saguaro, les cactus géants du désert de Sonora. Comme Maggie Black, on entame le roman en se disant que rien n’est pire au monde que d’aller s’enterrer dans le coin le plus désertique des Etats-Unis, où la nature est sauvage et sèche, et la population presque inexistante, mais c’était avant de lire les descriptions de paysage que l’auteur en fait. La force de l’œuvre de Terri Windling est certainement de mêler au sein de cet univers au premier abord pauvre et stérile, l’imaginaire débordant de la culture indienne et la mythologie celtique. Car vous vous en doutez, la mort de David Cooper n’est pas naturelle, et le personnage de Maggie Black va tomber sur de nombreux éléments étranges au cours de sa discrète enquête. Quelle créature saccage la maison durant chacune de ses absences et dans quel but ? Pourquoi les voisins et amis de Cooper refusent de parler de son ancienne femme, cette artiste peintre surréaliste qui s’est donné la mort de nombreuses années auparavant ? Et quelle étrange magie la retient ici, comme si elle avait quelque chose à accomplir ?

Au fil du roman, Maggie recompose la vie du vieux poète, le texte est parsemé de la correspondance de Cooper avec de grands noms de la littérature, notamment Henry Miller, Neruda ou Anaïs Nin, et fait référence à de grandes figures de l’art dont Terri Windling s’est inspirée pour créer son œuvre. Il s’agit plus particulièrement de Brian Froud, peintre de « féerie » britannique, avec lequel Terri Windling travaille beaucoup (il a notamment collaboré dans son travail sur la réalisation des films Dark Crystal et Labyrinth). Une peinture de Brian Froud illustre d’ailleurs la couverture de l'édition française de l’Epouse de bois, et serait celle qui aurait inspirée à l’auteur l’histoire du roman. Alors je dis merci Brian Froud, continuez s’il vous plait d’inspirer Terri Windling de cette manière, parce que j’attends avec grande impatience qu’elle se mette à l’écriture d’un second roman qui, je l’espère, sera aussi beau et fantastique que le premier !
GuixLaLibraire

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