Après un premier tome plutôt sympathique mais encore timide dans l’émergence de son univers, on retrouve Tom et son maître M. Gregory dans le second opus de la saga de Joseph Delaney. L’occasion pour l’auteur de nous en faire découvrir un peu plus sur le Comté et les personnages préalablement introduits.
Voilà 6 mois à présent que le jeune Thomas Ward est l’apprenti de M. Gregory, l’épouvanteur du Comté (pour d’avantage de précisions quant au cadre de l’univers, je vous invite à vous référer à ma critique du tome 01). Et depuis Mère Malkin, le jeune homme n’a pas chômé, s’entrainant durement pour parfaire son apprentissage. A la suite d’un sauvetage manqué toutefois, le frère de John Gregory trouve la mort. L’occasion pour nos héros de se rendre à Priestown, ou l’Epouvanteur a une vieille affaire à régler. Mais aussi pour le lecteur d’approfondir d’avantage le passé du vieux mentor. Et c’est bien là l’excellente idée de narration de ce second tome : l’approfondissement de ses personnages, leur donnant d’avantage corps. Si seulement quelques esquisses semblaient ébauchées précédemment, on prendra plaisir à en apprendre plus sur les faiblesses de John, ses erreurs passées, et plus généralement l’aura d’un épouvanteur sur son entourage. Bien que l’on pourrait parfois verser dans le cliché du personnage bourru mais au grand coeur, il est plaisant d’observer une certaine progression de ce côté-là.
De même, le personnage d’Alice, le plus intéressant jusqu’alors de par son ambiguïté, poursuit toujours dans cette voix. Encore plus insaisissable que précédemment, elle semble sans cesse proche de verser totalement du côté obscur, mais amène aussi notre héros à la vision encore naïve à se questionner d’avantage. Nul doute que ces deux là n’auront de cesse de connaître d’autres péripéties dans l’avenir. On notera également que la mère de Thomas prend une place assez importante dans la narration, et les questionnements du lecteur trouveront en partie réponse en ces pages (bien que l’interprétation soit à la base assez aisée). Le côté mystérieux mis en lumière de cette femme restant bien évidemment la plus grande alliée de Thomas appuie encore cette volonté de l’auteur d’approfondir ses personnages.
L’écriture quant à elle est toujours aussi fluide et limpide, simple mais plaisante, si bien que les chapitres s’enchainent. On notera une certaine violence d’avantage assumée, et bien que l’on reste dans de la littérature jeunesse, on sent un réel parti pris renforçant l’atmosphère sombre de l’oeuvre.
A titre personnel, je regrette simplement que Thomas puisse au final si facilement se débarrasser d’une créature sensée être aussi puissante que le Fléau, alors même que son propre maître a été défait à deux reprises. Evidemment, il est propre à ce genre de récit de mettre en évidence le héros et son potentiel caché jusqu’alors, mais on ne pourra s’empêcher de tiquer sur un certain manque de réalisme. Egalement, la menace de l’Inquisiteur, pourtant bien réelle et plutôt bien amenée, se retrouve finalement assez vite balayée comme pour ne pas alourdir le récit. Un petit effet de pétard mouillé, heureusement assez justifié par l’histoire pour que l’on n’en fasse pas trop cas.
Au final, ce second tome de la saga de l’Epouvanteur est une bonne confirmation. Un univers d’avantage défini, des personnages approfondis renforçant l’attachement et l’intérêt du lecteur et une progression de l’obscur qui se présente comme une réelle menace par le biais du Fléau. Reste encore quelques réels moments marquants dans la narration pour définir les points d’orgue de l’histoire, mais gageons que l’auteur saura nous donner satisfaction par la suite.