Cinquième tome et nouvelles aventures pour Thomas Ward, le héros de la saga de L’Epouvanteur. Le Combat de l’Epouvanteur nous ayant laissé avec le Diable en liberté, la menace n’a jamais été aussi importante sur le Comté. Aussi, plus que jamais, Tom se doit de poursuivre son apprentissage afin de devenir plus fort dans sa lutte contre l’Obscur. A ce titre, son maître John Gregory décide de l’envoyer auprès de Bill Arkwright, ancien apprenti s’étant établit au Nord. Spécialiste en sorcières d’eau, celui-ci est à même de former Tom à de nouvelles menaces. Suffisant pour résister au Malin… ?
Nouveaux lieux pour un nouveau tome, on peut dire que l’on commence à bien saisir la formule de l’auteur. Cette fois-ci cependant, le changement est un peu plus important puisque notre jeune héros change de cadre, mais aussi d’enseignant. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Bill Arkwright s’éloigne considérablement de la figure rassurante et paternaliste de L’Epouvanteur. Colérique, bourru, victime d’un fort penchant pour la boisson ; il n’est pas des plus simples à appréhender. Toutefois, là ou l’idée d’un Tom d’avantage livré à lui-même se profilait de façon séduisante, le tout est bien vite réduit à néant par une complicité rapidement trouvée entre le maître et l’élève. Bill révèle ainsi bien aisément sa douloureuse histoire personnelle, en paradoxe avec son comportement quotidien ou il ne témoigne que bien peu d’affection pour Tom. D’ailleurs, sa faiblesse de la bouteille semble d’avantage tenir de l’homme qui ne tient pas l’alcool que de celui qui noie son chagrin.
Ce nouvel enseignement est toutefois l’occasion pour l’auteur d’approfondir son bestiaire, qui pour le coup révèle sa richesse à chaque tome. Les sorcières d’eau apportent une nouvelle variété d’ennemies, réellement dangereuses et constituant donc une réelle menace. Tom apprendra également enfin à manier son bâton comme une réelle arme, accroissant ses compétences qui jusqu’alors apparaissaient au final plutôt limitées, et semblaient essentiellement se cantonner à ses connaissances théoriques de l’obscur. La mention du temps qui passe accroit également l’importance du travail de notre héros, une progression toutefois peut-être un poil trop rapide ; le jeune homme combattant même sous l’eau alors même qu’il ne maitrisait pas la brasse quelques jours plus tôt (court passage tout de même qui ne remet pas réellement en cause la logique du récit).
Mais là ou Joseph Delaney nous surprend réellement, c’est sur les derniers chapitres. Les nouveautés s’enchainent avec l’apparition d’un coéquipier des plus surprenant : Grimalkin en personne ! L’approfondissement du background de cette dernière apporte de plus une réelle explication à son virement de bord, offrant un intéressant traitement du personnage.
Traitement d’ailleurs tout aussi intéressant qui est apporté à Alice, encore, à présent réelle amie et alliée de Tom. Les événements et révélations finales renforcent l’intérêt du suivi de son évolution, et on se demande ainsi ce qu’il adviendra de sa relation avec Tom . Plus que jamais, leur avenir commun semble des plus compromis.
D’une manière générale, cette fin de tome est la plus ambitieuse de la série jusqu’alors. On sent en effet une véritable césure par rapport aux tomes précédents, qui s’accordaient à une formule commune d’un nouvel ennemi dans un nouveau lieu. Ici, si l’on retrouve effectivement ces deux facteurs, le final semble s’élever au-delà des simples aventures pour se faire plus conséquent dans son plan d’ensemble. La narration semble contenir une réelle ampleur qui ne demande qu’à émerger, nous promettant le meilleur pour le tome VI !