Depuis plusieurs années ce livre me faisait de l’œil, avec sa couverture colorée et son résumé aguicheur, mais sa taille me repoussait, il est donc resté dans ma bibliothèque pendant longtemps.
Je ne me souviens plus si je l'avais acheté sur un coup de tête ou après avoir lu les avis sur internet, quoi qu'il en soit, il semblait y avoir un consensus sur la qualité du livre.
A l'époque j'avais lu à plusieurs reprises comme quoi il s'agissait de l'équivalent d'un Misérable dans l'Inde contemporaine, n'ayant pas encore lu ce dernier cela ne me parlait pas plus que cela mais c'était encourageant vu sa réputation.
Après avoir lu les 2, la comparaison me semble limitée. L'équilibre du monde est une fresque remplie de personnages qui vivent dans une société d'injustice et c'est effectivement proche des Misérables dans ce sens là mais les 2 romans ont une personnalité et un style bien différent.
Là ou Hugo enchaîne les passages captivants et ceux chiants comme la mort dans un ouvrage très inégal, l'Equilibre du monde est plus... équilibré justement. Et contrairement aux misérables j'ai eu de l’intérêt pour tous ses personnages, plus attachants même quand ils sont moralement condamnables et ambiguës.
L'auteur ne nous perd à aucun moment, le récit est parfaitement fluide et captivant, on suit 4 personnages principaux : Dina, Maneck, Om et Ishvar, de castes et milieux très différents et qui pourtant vont se rapprocher par la force des choses...
A leur coté, dans la vie de ce quartier d'une grande ville, nous croisons une multitude de personnages et malgré tout on se souvient de tous car ils sont uniques et intéressants.
Le récit n'est pas tendre avec chacun d'eux, ils s'en prennent plein la gueule dans cette Inde bouillonnante et chaotique subissant de multiples évolutions politiques et culturelles en cette fin de 20ème siècle. Entre le système des castes, la corruption et la violence... La difficulté de la vie qui y est dépeinte est tout à fait terrifiante, on se sent bien chanceux et cela donne véritablement envie de s'intéresser à l'histoire de ce pays.
De péripéties en péripéties, ils évoluent de même que les liens qui les unissent, à chaque fois que l'on referme le livre on a qu'une envie c'est de savoir la suite.
Au début il faut un petit temps d'adaptation, notamment avec l'utilisation de tous ces mots indiens ( dont la définition de certains sont dans le glossaire à la fin, mais pas tous et ceux qui le sont ne sont pas indiqués, je n'aime pas ce système... )
Puis après quelques dizaines de pages, on s'habitue à cette culture, on a plus besoin d'aller chercher un mot à la fin, on se sent immergé dans cette culture lointaine.
Malheureusement passé 800 pages de chef d’œuvre, il y a la fin qui arrive, brutale, maladroite et décevante.
Je la trouve bien trop lourde et j'ai vraiment été déçue, c'est ce qui m’empêche de mettre plus. Elle n'est pas nulle au point d'en faire oublier tout le reste mais je la trouve vraiment misérabiliste, c'est le seul véritable reproche que j'aurais à faire à l'ouvrage sinon je le conseille très très fort, il ne laisse pas indifférent.