L'éthique rothbardienne a les mains pures mais elle n'a pas de mains. La liberté et la propriété sont poussées à un tel point dans leur retranchement, qu'un masque d'impossibilité s'installe allègrement sur la réalité.
La méthodologie "Wertfreiheitiste" qui est d'usage dans l'école Autrichienne s'étiole dans les mains d'un penseur de l'éthique. A défaut d'user d'une neutralité pure, le calme a été rompu délibérément : le jugement normatif a été posé, il doit l'être selon Rothbard.
Nous avons devant nos yeux ébahis, le plus libéral des libéraux admettant universellement un "Il faut" mêlé à un "il est". La guillotine de Hume vient trancher la tête du roi libertarien. C'est dans l'ordre naturel d'admettre la liberté comme Droit. Le jusnaturalisme s'acclimate d'un rayonnement universel et c'est à l'échelle humaine donc que la liberté s'élèvera comme parangon de l'Ethique générale. La pudeur positiviste se doit d'admettre le droit naturel : ce qui est devient impératif. L'Homme est libre et doit le demeurer.
Pour installer sa thèse et en découdre avec ses contradicteurs, le penseur est friand des hommes de paille, transformant alors les antithèses savantes en simples litanies aisément contestables. Frisant parfois la malhonnêteté intellectuelle, Rothbard s'inscrit dans une logique de contradiction pure et simple de l'étatisme à travers toutes ses formes. (En cohérence donc avec son schème promulguant la liberté au sommet).
En bref, Rothbard représente, a contrario de Mises, une bonne grosse brute de décoffrage promouvant la liberté à tout prix.