Une pièce étourdissante

À l'occasion des quatre-cents ans de Molière (né en janvier 1622), célébrons la plus mémorable des plumes françaises par la lecture intégrale de son œuvre, composée de trente-trois pièces de théâtre. L'Étourdi est une pièce assez méconnue de l'auteur, écrite à ses débuts littéraires en 1655. Elle est la première comédie de Molière, versifiée et comprenant les cinq actes traditionnels. Il est à signaler qu'elle s'inspire grandement de la pièce du dramaturge italien Niccolò Barbieri intitulée L'Inavertito (1629) dont Molière retiendra d'ailleurs plus tard l'un des personnages, Scapin, pour sa très célèbre pièce Les Fourberies de Scapin.

L'Étourdi annonce la qualité imaginative de l'auteur français, la pièce est plaisante à lire dans l'ingéniosité qu'elle met en œuvre, dans la fluidité des scènes et la rapide compréhension des caractères de chaque personnage. Néanmoins, elle s'étale en longueur, les dialogues, s'ils sont bien construits dans l'ensemble, lassent le lecteur dès lors qu'un personnage s'embarque dans un début de monologue. Le style de Molière, en effet, ne parvient pas à capter toute l'attention, lui reconnait-on des qualités d'écriture indéniables, notons qu'il y manque encore ou le rythme ou l'esprit. Par ailleurs, sont-ce là les outrages du temps qui rendent obscurs quelques passages que l'on ne réussit à deviner qu'au gré du contexte ou n'est-ce autre que le fruit de la maladresse ? Quoi qu'il en soit, on eût accourci la pièce des paroles excessives que j'eusse gagé de sa postérité, malgré un dénouement pour le moins capillotracté.