Esme, jeune anglaise de l'entre-deux guerres, qui rêve d'une vie indépendante et sans mari, subit les avances d'un jeune homme de son voisinage.
De nos jours, Iris, la trentaine, reçoit un message l'informant que sa grande tante doit sortir de l’hôpital psychiatrique où elle est internée depuis 60 ans, cet hôpital devant fermer.
Mais pour Iris, c'est une découverte : sa grand-mère kitty ne lui a jamais dit qu'elle avait une sœur, et encore moins qu'elle était internée.
Maggie O'Farrel va nous dévoiler, par bribes, ce qui a conduit à l'internement d'Esme et le rapport douloureux qu'elle a avec sa sœur. Tout en retenue, l'autrice nous raconte la jeunesse d'Esme, ce qu'elle a subie de la part de ses proches, l'utilisation de l'internement comme moyen simple de se débarrasser d'une personne gênante pour la réputation d'une famille, et le fait en parallèle de la vie d'Iris, qui bien qu'indépendante, est elle aussi victime de relations complexes avec les hommes qui l'entourent, son frère par alliance et son amant.
L'écrivaine n'a pas son pareil pour faire vivre ses personnages et leurs tourments. La pudeur qu'elle déploie pour nous décrire l'indicible n’empêche pas le récit d'être aussi fort émotionnellement que délicat. Nul voyeurisme, nulle description outrancière ne sont utilisés pour nous faire ressentir tout cela; et maggie O'farrel enchaîne les scènes puissantes les unes après les autres, laissant à peine au lecteur le temps de respirer. Magistral.