Ce livre est un bel objet, avec une couverture rigide carrée aux couleurs vives, avec une jolie doublure vert lime style papier peint. le genre de petit roman qu'on pourrait aimer avoir juste pour son apparence, mais qui a néanmoins un contenu plutôt fade.


Clémentine est l'archétype de l'Orpheline maltraitée/négligée et mal aimée, tout comme Cosette, dans les misérables, Jack dans "la pêche Géante", Sara Crew dans "La petite princesse", Élizabeth, dans "Winterhouse", Oliver Twist dans son roman éponyme, et même, à un moindre degré, Harry Potter. Ici, Clémentine ignore même son nom, porte des haillons, ce qui ne l'empêche pas d'être très jolie, a une cellule à la cave en guise de chambre et est toujours de corvée de ménage entre deux tirage d'oreilles non mérités. Elle vit chez un oncle et une tante perfides et cruels qui volent de tout ( Tiens, comme pour Cosette!) Mais ici, contrairement aux misérables qui volent pour survivre, ces deux-là le font par pure méchanceté. Parce que ça leur fait plaisir. Seul point de consolation pour la malheureuse petite fille: un chat, Andy, qui lui tiens compagnie et tourne en ridicule le couple odieux.


Grosso modo, l'histoire est celle d'une petite fille qui va réussir à se sauver de la maison où elle est prisonnière depuis sa tendre enfance, avec une petite tournure dramatique à la fin que je ne vous dévoilerai pas ( mais qui se devine assez bien, malheureusement). Une petite fille qui rêve d'un pays magique. Honnêtement, c'est non seulement déjà-lu, mais c'est aussi assez peu intéressant. C'est même parfois long. Clémentine hésite, regarde le ciel, a deux ou trois altercations avec les deux hurluberlus qui ne sont clairement pas son oncle et sa tante ( ça c'était pas difficile à deviner), pour finalement cavaler un peu sur les toits et là : FINAL dramatique-dont-je-ne-vous-dit-rien, mais qui a un lien avec le jeune homme qui cherche le couple quelque part au milieu du livre.


Le seul réel intérêt de cette histoire est, selon moi, le style de narration, qui est inclusif, puisqu'il s'adresse au lecteur de temps en temps. Les dessins ne sont pas mal non plus, mais assez clichés.


Autrement, je n'adhère pas à ce couple totalement méchant sans raisons, qui ont kidnappé une enfant juste parce qu'ils en avaient envie. De plus, kidnapper une enfant aussi jeune ( 1 an) sous-tend qu'ils ont du en prendre soin, mais je ne les vois pas changer des couches, donner le biberon ou lui donner un bain pour ensuite la traiter comme une pestiférée. Ça ne tiens pas du tout la route. De plus, si on a des bases en développement de l'enfant, on constate que Clémentine s'en sort anormalement bien pour une enfant qui n'est jamais sortie dehors, n'a reçu aucune scolarisation, aucune source d'affection et aucune stimulation cognitive. Sa conception même du bien et du mal devrait être ambiguë. Or, elle comprend très bien que ses oncle et tante sont des vils personnages. Comment l'a t-elle apprit? Mystère. Oui, sans doute que j'extrapole trop, mais les récits d'orphelins ont presque tous cette même tare de prétendre qu'un enfant peut survivre psychologiquement à des traitements inhumains sans aucunes séquelles. Pourrions-nous exiger un minium de rigueur psychologique, même en jeunesse? Enfin, SURTOUT pour la jeunesse?


Autre point qui me désole: encore une fois, les deux MÉCHANTS sont hideux, grotesques et laids, alors que la pauvre petite orpheline a un doux et beau visage, des membres minces et une silhouette harmonieuse. On travaille fort pour enseigner aux enfants que le physique ne fait pas la personne, alors quand je vois des auteurs modernes nous resservir l'indigeste sauce du Méchant-Moche et de la Belle-Innocente, je ne suis pas ravi, pas du tout.


Finalement, au terme de cette longue histoire manichéenne, je ne retiens absolument aucune leçon, aucune morale ni aucunes valeurs défendue. J'imagine que le message général est du genre: "Il faut croire en ses rêves", mais encore là c'est assez surfait. "Garder espoir"? Un peu large. "Les méchants finissent toujours par perdre?", ça on le sait, merci Disney.


Donc, même avec une couverture attrayante, franchement, ce livre ne vaut pas le détour. Vous avez pléthore des romans de ce genre qui sont plus intéressants ( voir les titres évoqués plus haut), et, il faut dire qu'ils sont pour la plupart devenus des classiques. Et socialement, l'archétype de l'Orphelin Maltraité est plutôt désuet pour les romans modernes. Un peu comme l'archétype de la belle adolescente pieuse et stupide. Ce sont des archétypes qui avaient plus de valeurs à une époque où il y avait pleins de gens qui pouvaient s'identifier à eux, mais en 2021, plus vraiment. Bref, selon moi, vous ne ratez rien en choisissant de ne pas lire cet roman jeunesse.


Pour un lectorat du second cycle primaire, 8-9 ans.

Shaynning

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