« Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d’exercer fonction de bibliothécaire pour un gentleman et ses livres. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaires de diplômes d’enseignement supérieur s’abstenir. »
Mademoiselle Prim a envie de s’éloigner de la ville et décide de répondre à l’annonce même si elle est couverte de diplôme, plus par amour des études que pour réellement s’en servir.
L’homme au fauteuil décide donc finalement de l’engager et elle se rend compte de la maison étrange où elle se trouve : l’homme élève les quatre enfants de sa sœur, en les nourrissant d’auteurs antiques et de langues anciennes, les enfants ne sont pas autrement scolarisés et l’homme semble préférer leur montrer le monde et les anciennes valeurs. Puis Prudence se rend compte que dans le village tout entier les habitants ont d’étranges idées : les femmes se disent indépendantes, elles ont chacun un commerce pour survivre, mais ouvert seulement la moitié du temps, le reste du temps, elles s’occupent d’arts, des enfants, de longues discussions autour de chocolat chaud et de gâteaux de toutes sortes.
Prudence est donc ébranlée dans ses certitudes, d’autant plus lorsque les femmes du village décident de lui trouver un mari. Quant à son employeur, l’homme au fauteuil, il manque de délicatesse lorsqu’il essaye de converser avec elle, ce qui la déstabilise constamment.
Ce livre fait constamment réfléchir car chacun des dialogues sont des débats. Prudence est formatée par le monde moderne, son éducation, la place donnée aux sentiments (surtout féminins), tandis que l’homme au fauteuil préfère le temps d’avant et la rationalité.
Ce roman est une sorte de quête d’apprentissage, pour comprendre les petits bonheurs de la vie et arriver à mieux vivre en paix avec soi-même dans une ville décalée, prise dans le temps, mais idéalisée. ça m’a également fait penser à Platon (qui est d’ailleurs cité), de part les dialogues et surtout le mythe de la caverne, où les « sages » sont sortis de la caverne (et donc du monde) et incapables de revenir dans un monde qu’ils savent faux et ‘où ils sont rejetés.
Alors, ce livre se déroule sur un rythme plutôt lent. Les amateurs d’action, passez votre chemin. En revanche, si vous voulez un livre pour réfléchir un peu, ça peut être sympa, le cadre décrit est en effet assez enchanteur. Ce qu’il m’a manqué, c’est une véritable épiphanie, tout ce fait trop en douceur, même le voyage en Italie…
En revanche, je pense que ce livre peut se lire que vous soyez calés en littérature classique ou non, vous pouvez y trouver le même plaisir. En effet, peu importe que vous connaissiez par cœur le grec et le latin (après tout, la bibliothécaire recherchée ne devait pas être lettrée), c’est mieux si vous savez vaguement de quoi parle Orgueil et Préjugé, mais pour le reste, il suffit de se laisser porter par le texte.