Exil de la patrie profonde

L'exil est le premier écrit de Montherlant qu'il a jugé digne d'être conservé. Il ne recommencera à écrire du théâtre que 26 ans plus tard. La pièce est écrite en 1914 à la veille de la guerre.
Suivant les conseils de François de Nion, il ne la publiera pas en 1915, craignant l'effet que pourrait avoir une œuvre où la mère s'oppose à l'engagement de son fils. Elle sera finalement publiée en 1929.

La force de la pièce, outre ses thèmes singuliers pour son temps, se trouve dans l'exacerbation des contradictions. Une mère ambulancière, patriote dont tout le monde loue le courage s'oppose à l'engagement de son fils et celui-ci représente la fougue et l'impétuosité de l'adolescence en voulant s'engager pour des raisons qu'il peine lui-même à cerner. Lorsque son ami décide de s'enrôler, il veut le suivre. C'était cet instant, pas un autre et six mois plus tard quand sa mère consent à le laisser partir :

J'ai cru, ce jour fatal, que je ne vivais que pour que tu vives. Mais pour que tu vives sans m'aimer, non, j'aime mieux que tu meures.

Il est trop tard se répète-t-il. Ses réflexions vont dans plusieurs directions. Il sera celui pour qui la guerre n'a pas existé et se sent exilé de sa patrie profonde mais aussi sa relation d'amitié vient d'être éprouvé. C'est d'ailleurs sur une belle note de camaraderie que finit la pièce.

Œuvre intéressante qui exhibe la complexité des sentiments d'un jeune de 18 ans et de sa mère à la veille de la guerre.