Trancher le noeud épouvantable de contradictions

Bien que la pièce soit écrite en 1942, s'il faut prendre en compte le contexte historique dans son écriture, il ne faut toutefois le surestimer. Même si une création est grouillement, éclosions saugrenues, accouplements hybrides, métamorphoses extravagantes dans laquelle l'auteur peut fourrer tout et n'importe quoi, fait divers lu dans le journal, souvenir de lecture, parole, Montherlant invite à la prudence dans son texte sur la création de sa pièce face aux allusions politiques que des zigotos pourraient exacerber outrancièrement. Par ailleurs, elle a été joué pour Noël en 1943 par des prisonniers à Wistznitz et sa mise en œuvre fut tout un défi. Passionné pour le monde antique et le bassin méditerranéen, la principale source d'inspiration lui provient des trois volumes d'anciennes pièces espagnoles que Vaudoyer lui prêta. Deux pièces particulièrement, Aimer sans savoir qui de Lope de Vega mais surtout Régner après sa mort de Guevara dont il reprend l'ossature.

Pièce tragique dont la fin se pressent d'emblée puisque les personnages sont dans la main de la destinée comme un oiseau dans la main d'un homme. La tension demeure continue et si les dialogues d'Inès avec Ferrante peuvent nous amener à considérer une fin heureuse, le dénouement qui arrive à la toute dernière scène noie les espérances d'Inès et les nôtres de façon abrupte. Dans cet acte gratuit et lâche d'un roi tortueux, Montherlant expose une fois de plus le nœud épouvantable de contradictions qui peut exister au sein des hommes. Le thème de l'absurdité n'est pas sans écho avec L'étranger d'un Camus sorti plus tôt la même année.

Une œuvre bien écrite qui fait montre du talent de Montherlant pour exposer la psychologie de ses personnages.

Aldaron
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le 23 oct. 2020

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