Comme beaucoup de lecteurs, je connaissais l’exercice périlleux de Philippe Delerm consistant à disséquer une attitude, une chose où un moment de vie. Le style, l’écrivain le possède sans le moindre doute, mais réussit-y-il à nous toucher? Il me semble, sans aucune animosité, que beaucoup d’évocations de ce recueil vont vers un sens n’étant plus limpide.A vrai dire, un récit court de Philippe Delerm vous embarque s’il fait écho à votre propre vie, à vos émotions les plus enfouies ou à vos propres expériences humaines. Pour ma part, Vinyle en double page ( sur l’évolution de l’écoute musicale et de ses supports) et il y a des places ( sur les gens qui occupent votre place réservée dans le train) m’ont parlé énormément. J’ai bien aimé les moments où l’écrivain se confie même si le plus grand nombre n’a pas forcément une identification dans le ressenti. Par contre, je suis ravi de voir que les portables et le vapotage laissent vraiment circonspect Philippe Delerm et que leurs apports dans la vie quotidienne sont des aberrations matérielles pour lui. Quoiqu’il en soit, le baby-boomer, même s’il s’adressera à des gens de sa génération à travers son regard aquaboniste de sexagénaire, a toujours quelque chose à dire. Ne comparez pas l’extase du selfie non plus avec la Première Gorgée de bière car l’homme a pris de la bouteille et ne se destine plus à être compris systématiquement. Vous aurez compris entre les lignes que Philippe Delerm a donc les qualités de ses défauts ou devrais-je écrire les défauts de sa qualité. Son recueil baroque ne pouvant en aucun cas être accusé de vouloir convoquer une véritable adhésion littéraire. Et ça, c’est vraiment bon!