Je n'ai quasiment rien compris mais c'est quand même cool.
Je m'explique.
(Je précise aussi que je poste un avis sur le livre audio.)
Peter Guilham, espion à la retraite - si tant est qu'on puisse être un espion à la retraite - coule des jours heureux en Bretagne jusqu'au jour où il est convoqué à Londres pour rendre compte d'une vieille affaire qui s'est déroulée en pleine Guerre Froide. Affaire qui avait fait trois victimes dans les rangs du Service et pour lesquelles les héritiers demandent aujourd'hui réparation, réhabilitation et dommages et intérêts.
Pourquoi je n'ai rien compris ?
Parce que c'est mon premier John Le Carré et qu'on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il faut être un fidèle de l'auteur pour raccrocher ce dernier wagon à la loco et en savourer tout le suc.
Parce que Georges Smiley et consorts me sont aussi familiers que la grand-tante et le grand-oncle de Donald Trump - si tant est qu'il ait une grand-tante, je sais seulement qu'il a un grand-oncle Sam - or on passe à côté de "L'héritage des espions" si on n'a pas un minimum d'éléments sur cet espion mythique créé par John Le Carré. En tout cas, moi, je suis passée à côté.
Parce que malgré la qualité d'enregistrement et de lecture de cet Audiolib, un roman qui n'a de cesse de passer d'une époque à une autre, distantes d'un demi-siècle, sans que l'auteur déploie le minimum syndical en termes de descriptions, ça n'aide pas à planter le décor, d'autant plus regrettable que j'aurais adoré qu'il fasse renaître sous mes yeux ébahis les années 50.
Pourquoi c'est quand même cool ?
Parce que malgré le jargon d'espionnage dont je n'ai compris qu'un mot sur trois (et encore je suis généreuse), malgré l'intrigue complexe à suivre lorsqu'on ne fait qu'en entendre sa lecture sans la voir de ses propres yeux sur le papier, malgré les très nombreux personnages dont j'ai rapidement renoncé à retenir la grande majorité, malgré tout cela, on sent la patte d'un Maître, d'un auteur qui maîtrise son sujet à fond, qui jongle avec les rebondissements et les retournements de situations, et qui surtout se sait compris par un public averti, fidèle et qui en redemande.
C'est seulement dommage que je ne compte pas (encore) parmi ces élus ; bref, il ne vaut mieux à mon avis ne pas commencer à lire John Le Carré dans le désordre.