Les deux premiers tomes de la série Haut-Royaume de Pierre Pevel annoncent une saga qui devrait compter parmi les grands titres de la fantasy française. Les critiques encensent cette oeuvre, et à raison : Haut-Royaume fait parti de ces livres qui prennent au piège le lecteur, ne le libérant qu'une fois la dernière page tournée. Et c'est avec beaucoup de plaisir que je me suis laissée prendre à mon tour par l'histoire de Lorn Askarian et les intrigues du Haut-Royaume.
De mon expérience de lecture, je note que l'écrivain possède un vrai don pour immerger le lecteur dans l'histoire. Il ne nous abrutit pas de pages de description interminables mais est capable, d'une ligne, de matérialiser tout un univers ; les petits détails qu'il nous accorde posent le décor et poussent le lecteur à imaginer le reste. La qualité de la plume et la richesse de l'histoire, ponctués par des chapitres courts qui cadencent bien la lecture, nous entraîne avec fluidité aux côtés de Lorn, la vraie originalité du livre.
On s'écarte ici des repères classiques de la fantasy qui nous offre traditionnellement le héros ou le anti-héros. Ces figures qui malgré des origines, des caractères ou des motivations très différentes, restent souvent guidées par une forme de morale voire d'honneur. Pierre Pevel quant à lui nous offre un personnage authentique, véritablement torturé ; ce qui le fera osciller entre acte d'honneur et acte assumés qui tordent parfois le cou à la morale. C'est délicieusement rafraîchissant de graviter autour d'un personnage charismastique, que l'on aime suivre et dont on se sent parfois coupable de suivre. La bataille intérieure pour le contrôle de la part "obscure" de Lorn évolue de façon sournoise et captivante.
Entre répliques coup de poing, intrigues politiques, destinée, magie, amitié et trahison, Haut-Royaume nous plonge dans un récit captivant aux personnages fouillés qui nous tient en haleine du début à la fin.