L'histoire de l'amour par Herma
Ce livre est un potentiel gâché. Ma critique sera certainement injuste car une part de cette opinion vient du fait que Nicole Krauss est mariée à Jonathan Safran Foer.
Il y a quelques années, Jonathan Safran Foer a publié un livre qui raconte l'histoire d'un petit garçon qui a perdu son père et tente de faire son deuil, ainsi que celle de ses grands-parents, leur passé dans l'Europe de la seconde guerre mondiale et leur vies de Juifs européens qui tentent de se construire une nouvelle vie à New York.
L'histoire racontée par Nicole Krauss est celle d'une adolescente qui tente de surmonter la perte de son père, avec en parallèle l'histoire d'un vieux Juif qui a rejoint les Etats-Unis juste après la seconde Guerre Mondiale, et un bout de la vie d'un écrivain Juif qui a lui émigré en Amérique du Sud.
Le parallèle est facile à faire entre les deux romans et il n'est pas à l'avantage de Nicole Krauss. Son style est bon et le roman est agréable à lire, mais l'histoire n'est pas aussi poussée que ce à quoi on pourrait s'attendre.
Lors de ma lecture, mes pensées se résumaient à : C'est trop facile. Elle a construit des personnages très intéressants et très attachants, mais elle ne les pousse pas assez, elle ne va pas assez loin dans ce qu'elle leur fait faire et surtout ce qu'elle décrit de leurs sentiments et pensées, et elle s'attache à des détails inutiles qui bloquent la vue d'ensemble et la font aller trop vite sur des parties qui pourraient être plus intéressantes.
La chose qui m'a aussi beaucoup gâché ma lecture est le récit de la vie de l'écrivain émigré en Argentine. C'est un récit plat, sans intérêt, qui coupe le reste de son histoire, et n'apporte rien mis à part de nous faire sentir une antipathie instantanée pour le personnage avant même qu'on saisisse bien pour quelle raison on doit le détester. On se demande si elle n'a pas rajouté cette partie pour distinguer un peu son oeuvre de celle de son mari.
J'ai également beaucoup regretté qu'elle entame une réflection sur l'identité juive et le poids que la Shoah fait encore peser sur les enfants et petits-enfants des survivants mais qu'elle stagne à la surface, préférant rester dans le mode de la réaction émotionnelle que dans la recherche et l'introspection. Ce livre est trop ancré dans le registre émotionnel pour laisser une impression autre que passagère.