Au moment où j'écris la critique de ce roman, je tiens à dire que je l'ai lu en un week-end tellement je le trouvais passionnant.

Certes, j'ai déjà lu un livre en entier en un soir mais il était moins long que celui-ci qui ne fait pas moins de 517 pages!

Mais assez parlé de ma vie et parlons du livre.

Avant toute chose, je tiens à dire ceci: bien que j'ai décidé de ne pas faire de comparaisons entre le roman de l'auteur et les films ayant été adaptés de l'oeuvre de Michael Ende, j'ai, néanmoins, décidé d'utiliser les noms des personnages, du pays du livre et des lieux visités par les personnages tels qu'ils sont prononcés dans les films de Petersen et Trumbull Miller car c'est à travers eux que j'ai découvert l'univers de L'Histoire sans fin.

Je m'excuse donc auprès des puristes du roman de Michael Ende.

De plus, pour ceux qui n'ont pas lu le livre, j'ai prévu de beaucoup spoiler l'oeuvre car je sens qu'il est nécessaire de le faire pour ma critique.

[Il y aura même des citations]

Je vous conseille donc, si vous envisagez de lire le livre avant de vous plongez dans la lecture de cette critique.

Et si c'est le cas, je vous conseille de vous procurez l'édition Hachette car c'est elle qui a la plus belle couverture du livre.

La preuve

https://www.hachette.fr/sites/default/files/images/livres/couv/9782012043428-T.jpg

Sur ce, bonne lecture à ceux ayant fait le choix de rester.

L'Histoire sans fin ou l'oeuvre la plus célèbre de Michael Ende.

_(mort depuis bientôt 30 ans au moment de l'écriture de cette critique)_

Ecrit à une époque où la Fantasy n'était pas reconnue comme un genre à part entière dans le monde et n'avait ses lettres de noblesse qu'aux Etats-Unis, l'auteur allemand a essayé de se démarquer des auteurs comme Tolkien et C.S Lewis faisant l'apologie du merveilleux pour faire quelque chose de bien plus sombre avec un côté réaliste parlant à chaque lecteur autre que le personnage principal lui-même.

Le personnage principal, c'est Bastien Balthazar Bux: un enfant qui n'a plus de mère, en surpoids, martyrisé par les enfants de son école et s'échappe dans la lecture pour combler sa solitude son père étant toujours absent.

Un jour, alors qu'il fuit des brutes de son école, il tombe par hasard sur la librairie où sont écrits ces mots que vous pouvez voir en cliquant sur ce lien

https://www.lesauterhin.eu/wp-content/uploads/2014/02/Librairie.jpg

_Si vous comprenez pas ce qui est écrit, prenez une photo et mettez-la devant un miroir_

Le libraire, Karl Konrad Koreander, étant un bougon n'aimant pas les enfants, il ne fait pas trop attention à Bastien tandis que ce dernier voit un livre dont le titre est L'Histoire sans fin.

Qui n'a jamais versé, ouvertement ou en secret, des larmes amères en voyant se terminer une merveilleuse histoire et en sachant qu'il allait falloir prendre congé des êtres avec lesquels on avait partagé tant d'aventures, que l'on aimait et admirait, pour qui l'on avait tremblé et espéré, et sans la compagnie desquels allait paraître vide et dénuée de sens-Celui qui n'a pas fait lui-même l'expérience de tout cela ne comprendra visiblement pas le geste de Bastien. Il regardait fixement le titre du livre et il se sentait alternativement bouillant et glacé. C'était bien là ce dont il avait tant de fois rêvé, ce qu'il souhaitait depuis le jour où la passion des livres s'était emparée de lui: une histoire qui ne finit jamais! Le livre des livres! Il lui fallait ce livre, à n'importe quel prix!

Ni une, ni deux, Bastien vole le livre et se réfugie dans le grenier de son école afin de se jeter dans L'Histoire sans fin.

Le récit parle d'un pays nommé Fantasia victime du Néant le détruisant petit à petit, Néant ayant un lien avec la Jeune Impératrice gravement malade qui ne peux plus assurer l'équilibre de Fantasia. À travers les pages du livre, Bastien suit l'aventure d'Atreyu, enfant-guerrier de la tribu des Peaux-Vertes, partant accomplir une Quête consistant à trouver un remède pour la Jeune Impératrice et sauver Fantasia.

La première chose à acclamer au sujet de L'Histoire sans fin est sa première partie avec deux narrations en une. En effet, pour permettre de faire la différence entre le monde réel et le monde imaginaire, plusieurs éditions utilisent deux différentes polices d'écriture ou deux couleurs non-semblables selon les éditions afin que le lecteur ne s'égare pas entre le récit de Bastien et l'aventure d'Atreyu.

Le livre se permets des touches humoristiques afin de renforcer la mise en abyme des lecteurs que nous pourrions être dans notre monde réel obligé de faire des pauses de lecture pour des choses comme celle-ci que les héros de récits, eux, n'ont pas besoin de faire.

Bastien ne pouvait se retenir plus longtemps, il fallait qu'il aille d'urgence aux toilettes.[...]Pendant qu'il était assis sur la cuvette, il se demandait pourquoi les héros dans les histoires n'étaient jamais confrontés à ce genre de problème.

Et il y a également des moments angoissants où le lecteur (autrement dit "nous") se demande pourquoi pendant qu'il lit, il semble se passer des choses étranges comme ce passage-ci

Ygramul[...]fixait Atreyu avec une inconcevable méchanceté.
Bastien poussa un léger cri de frayeur.
Un hurlement de frayeur résonna à travers la crevasse, renvoyé en écho par les deux parois. Ygramul tourna son oeil vers la gauche, puis vers la droite, pour voir s'il n'y avait pas là un second intrus[...]Mais il n'y avait personne.
"Se pourrait-il que ce soit en fin de compte mon propre cri qu'elle ait entendu? se demanda Bastien, profondément troublé. C'est pourtant tout à fait impossible.

Sans compter cette scène terrifiante où on ne peux s'empêcher de se demander si Bastien, protagoniste du monde réel du roman L'Histoire sans fin, et Atreyu, héros du livre L'Histoire sans fin ne sont pas liés malgré leurs mondes séparés.

Devant lui, à une distance de vingt pas à peu près[...]se dressait la Porte du Miroir Magique. Elle était grande, ronde comme une seconde lune[...]et luisait comme de l'argent poli[...]Atreyu n'hésita pas un instant. Il s'attendait[...]à ce que quelque image de lui-même absolument terrifiante vienne l'affronter dans le miroir[...]Cependant[...]il vit quelque chose à quoi il n'était absolument pas préparé et qu'il ne pouvait pas comprendre. Il vit un gros garçon au visage blême-à peu près de son âge-assis[...]sur une pile de nattes et en train de lire un livre[...]Les yeux de ce garçon paraissaient grands et leur expression très triste[...]
Bastien sursauta quand il comprit ce qu'il venait de lire. C'était lui! La description coïncidait dans ses moindres détails.[...]Il était pourtant absolument impossible que se trouvât dans un livre imprimé une réalité qui n'existait qu'à l'instant même et pour lui seul. N'importe qui d'autre, arrivé à cette page, lirait la même chose[...]
"Bastien[...]tu es vraiment maboul, je t'en prie, ressaisis-toi."

De plus, les parcours des deux personnages respectifs sont intéressants à suivre de par leur différence fondamentale.

L'aventure d'Atreyu est un conte initiatique sur l'apprentissage de la vie. S'il peut être impulsif le fait d'avoir été élevé dans la tribu guerrière des Peaux-Vertes lui a donné un sens des responsabilités. Néanmoins, il ne connaît pas grand-chose au monde de Fantasia. Il doit donc faire face à de nombreuses difficultés comme le deuil avec la mort de son fidèle cheval Artax..

_(mort définitive)_

...le fatalisme avec Morla, soit-disant Vénérable, mais n'accordant d'importance à rien, la violence avec la vorace Araignée Géante Ygramul, le désespoir quand il sait que, malgré ses capacités guerrières, il ne peut pas sauver la Jeune Impératrice ou encore le rire, la joie, l'espoir, la chaleur humaine avec Falcor, le Dragon Porte-Bonheur et Engywook et Urgl, les gnomes, figure du vieux couple bougon mais chaleureux. Tout le parcours d'Atreyu le pousse à s'ouvrir, non seulement au monde de Fantasia, mais aussi aux autres et être moins individualiste: défaut apparemment présent dans toute la tribu des Peaux-Vertes.

Mais si le chemin d'Atreyu est intéressant à suivre, le personnage lui-même n'a pas grand-chose pour lui. En effet, Atreyu ne semble pas authentique car, en dehors de son individualisme (qui disparait au cours de son aventure), il est trop parfait. Courageux, fait rarement des erreurs, est très peu souvent incertain...Il ne commence à ne douter de lui-même que lorsqu'il perds l'Auryn qui lui permettait de sympathiser avec les Fantasiens et sait que seul quelqu'un d'autre que lui peut sauver la Jeune Impératrice. Mais cela est de courte durée et il redevient vite le guerrier impulsif trop parfait une fois que Bastien intervient dans l'histoire.

Le chemin de Bastien, par contre, est un conte philosophique. Plus proche de la mésaventure qu'autre chose, les rencontres que fait Bastien comme celle avec Graograman le lion, Jicha la mule, les chevaliers Hynreckn, Hykrion, Hysbald et Hydorn, les Acharai ou encore les Schlamuffes ne font que des catastrophes. Pourquoi? Parce que même si, lors de son arrivée à Fantasia, il est plein de bonnes intentions, il se fait avoir par son statut de Sauveur après avoir guéri la Jeune Impératrice. D'abord apprécié pour son empathie envers les autres à qui il veut apporter de la joie et son envie sincère de reconstruire un monde auquel il s'est attaché au fil des pages du livre, il finit par se faire avoir par la colère, l'orgueil, la prétention...Au final, on découvre qu'il a une obsession: la domination. Domination qu'il manifeste en se servant de l'Auryn plus pour imposer son autorité sur les autres qu'autre chose alors qu'Atreyu s'en servait pour créer des liens avec ceux qu'il rencontrait après avoir compris qu'il devait être moins individualiste. Dès lors, Bastien passe de protagoniste humain ayant besoin d'attention auquel pouvaient s'identifier tous ceux ayant des vies difficiles voire tristes dans la réalité car jugés comme "différents" à anti-héros prétentieux, détestable et violent finissant par ne penser qu'à lui-même et sans considération pour les autres. Néanmoins, Bastien n'est pas montré comme un méchant mais comme corrompu par les pouvoirs qu'on lui confie et faisant des mauvais choix que beaucoup, justement, d'humains feraient durant les situations d'incertitude ou si on leur donnait la possibilité de réaliser tous nos désirs; y compris ceux pouvant être dangereux sans qu'on ne le sache. De plus, cela nous renvoie à notre propre orgueil quand on se prend pour quelqu'un de plus fort que tout que tout le monde au point de se croire capable de savoir tout mieux que tout le monde au point de regarder nos entourages de haut.

Sans Atreyu, assagi par l'aventure qu'il a vécu, Bastien aurait finit par être détestés par les autres et erré sans but.

Pourquoi? Car contrairement à Atreyu qui se sert de l'Auryn pour sympathiser et apprendre à comprendre les autres, Bastien l'utilise pour exaucer des voeux et modeler Fantasia à son image. Or, quand une personne humaine fait des voeux, elle perd ses souvenirs. Et quand une personne perd ses souvenirs, elle perd son identité et devient un personnage de Fantasia. Pire, un personnage-intrus mal considéré par les autres.

Parlons justement de ces "autres". En dehors des Fantasiens évoqués plus haut, on rencontre également d'autres personnages charismatiques comme Cairon, le Centaure Ambassadeur de la Jeune Impératrice, le Mangeur de Pierres Pyornkrackzark pas très malin, un Feu-Follet stressé, un Tout-Petit pas très calme. Sans oublier l'Oracle Sudérien Uyulala, sereine mais stressante ou encore Argax le singe parlant; car oui, Fantasy oblige, la plupart des animaux parlent.

Il y a également Graograman, le lion de flammes, assurant l'équilibre entre deux lieux.

Et, surtout, ne négligeons pas les méchants; ou plutôt les antagoniste dans le cas de L'Histoire sans fin vu que Bastien, vrai protagoniste central de l'histoire, se révèle ne pas être un modèle de bonté au cours du récit.

Tout d'abord, il y a le loup-garou Gmork . Il s'agit de la nemesis d'Atreyu. Contrairement au héros du livre qui cherchait à créer des liens avec les autres à travers la compréhension mutuelle, ce méchant-là ne rêve que d'avoir le pouvoir et de dominer les autres aussi bien dans le monde réel et Fantasia desquels il peut aller et revenir sous la forme qu'il désire. Pour lui, pas de compréhension, juste de la domination à travers la soumission des autres.

Et n'oublions pas la sorcière Xayide. Elle est la nemesis de Bastien. Assoiffée de pouvoir et de contrôle sur Fantasia à la fois par vanité mais aussi pour construire un monde à son image et pas avec les meilleures intentions contrairement à Bastien qui voulait bien faire au départ avant d'être corrompu par son statut de Sauveur. De plus, contrairement à Bastien qui ne voulait faire de mal à personne au début de sa mésaventure avant d'en faire sans vraiment le réaliser, Xayide est une sadique parfaitement consciente de son ignominie faisant tout ce qu'elle fait pour sa pomme. Manipulatrice, perfide, prête à n'importe quoi pour avoir ce qu'elle veut et, pire que tout, fait semblant d'être aimante et aux petits soins de ceux qui l'entourent afin d'obtenir tout ce qu'elle veut.

Hum. Puisqu'on parle de Xayide, parlons du traitement des personnages féminins dans L'Histoire sans fin. Autant le dire vite, le roman est misogyne. Déjà, le fait que le personnage le plus intelligent (ou la plus intelligente) du roman soit une femme qui doit "être remise à sa place" en mourant dans d'atroces souffrances a de quoi donner envie d'arrêter la lecture du livre.

De plus, ce qui commence à déclencher le début de la chute de Bastien soit l'indifférence de la capricieuse Princesse Oglamar face aux avances du Chevalier Hynreck qu'elle ne trouve pas assez héroïque (autrement dit pas assez viril) pour qu'il soit digne d'elle a de quoi faire grincer des dents. En effet, pour qu'Oglamar daigne enfin vouloir d'Hynreck, le protagoniste manque de provoquer la perte des deux personnages en créant un dragon nommé Smurg enlevant la Princesse et manquant de tuer le Chevalier.

Ensuite, il y a Morla LA Vénérable évoquée plus haut n'étant qu'une grincheuse indifférente à tout à qui Atreyu doit tirer les vers du nez pour qu'elle "l'aide" à avancer dans sa quête.

Et n'oublions pas la vorace Araignée Géante Ygramul (également évoquée plus haut) dont les victimes préférées semblent être des personnages masculins comme Atreyu et Falcor; et rien que le son de la voix d'une potentielle victime de plus la réjouit d'avance quand elle entends le cri de Bastien.

Mais la pire est probablement la Jeune Impératrice elle-même. En effet, derrière sa beauté, ses rires et ses sourires bienveillants se cachent la plus ignoble entité qui soit. Elle est incapable de lucidité et de faire la différence entre le bien et le mal. Résultat, elle confie le sort de Fantasia en péril à n'importe qui sans se renseigner un minimum sur ceux qu'elle choisit ni se demander si elle prend ou pas les bonnes décisions à l'avance et quelles conséquences psychologiques peuvent provoquer un trop-plein de responsabilités sur les dos des individus. Sans compter le fait qu'elle est totalement apathique.

De plus, le fait qu'on ne puisse la voir qu'une fois et qu'elle habite dans une tour d'ivoire n'a rien d'anodin.

Être dans une tour d'ivoire: Expression désignant une personne qui refuse le contact avec le monde extérieur et qui préfère s'isoler.

_Génial!_

La seule chose héroïque qu'elle accomplit est avoir la force de sortir de sa tour d'ivoire alors qu'elle est encore malade pour convaincre le vieil homme des Montagnes Errantes de provoquer l'arrivée de Bastien à travers des mots que les deux personnages écrivent sous les yeux de Bastien pour provoquer son arrivée et sauver Fantasia.

Les deux seuls personnages féminins à peu près acceptables sont les suivants.

Il y a Uyulala ou l'Oracle Sudérien qui, même si elle est un peu inquiétante, révèle ne rien avoir de malveillant en elle puisqu'elle aide Atreyu durant son périple.

Et n'oublions pas Dame Aiuola, femme-plante bienveillante auprès de laquelle Bastien trouve de la chaleur humaine lorsqu'il est au plus bas.

Puisqu'on en revient aux points positifs.

Ce qui fait réellement le coeur de L'Histoire sans fin, ce sont Bastien et Atreyu. Pas seulement leurs aventures individuelles respectives mais également le lien qu'ils créent. Lien commençant bien avant que Bastien ne débarque à Fantasia puisque qu'ils se voient en reflets dans la Porte du Miroir Magique (l'une des étapes à franchir pour atteindre l'Oracle Sudérien) alors qu'ils sont encore séparés par la barrière invisible entre Fantasia et le monde réel.

Par la suite, après qu'il ait rencontré la Jeune Impératrice pour la seule et unique fois, l'autre personne à laquelle il pense sur l'instant est Atreyu et ce dernier reconnait Bastien dès qu'il le voit à Fantasia alors que Bastien a totalement changé d'apparence en entrant dans le livre L'Histoire sans fin (il a une allure héroïque digne d'un combattant).

Durant toute la mésaventure de Bastien, avant que ce dernier ne chute, les deux personnages développent une amitié touchante après avoir su qu'ils avaient été spirituellement ensemble depuis l'ouverture du livre. Le récit insiste bien sur leurs confidences et leurs complicités. De plus, alors que Bastien idéalisait Atreyu durant la première partie de l'histoire, dans la deuxième partie, les deux ont les mêmes capacités guerrières au point que Bastien devient son propre héros.

Résultat, les voir devenir ennemis au moment où Bastien chute est douloureux. Tout ceci est traité sous un ton très Shakespearien déchirant et bouleversant car on s'était attachés à ces deux personnages et à leur amitié authentique.

Si le récit n'avait pas montré un Bastien obsédé de revoir la Jeune Impératrice jusqu'à être déchiré quand il a comprit qu'il ne pouvait pas la revoir, on aurait sûrement eu l'impression de lire un livre un peu cryptogay...

_et cette fois, je ne dis pas ça en mode moquerie parce que je doute que les "amis" se tiennent les mains ou se touchent le visage_

...étant donné l'acharnement d'Atreyu de vouloir sauver Bastien de lui-même quand sa folie l'amène à faire un coup d'état au point de vouloir devenir Empereur à la place de la Jeune Impératrice ou quand Atreyu décide d'épargner Bastien quand il est à sa merci lors d'un duel/face-à-face...

"Bastien, dit-il, pourquoi me forces-tu à te vaincre pour te sauver?"

...ce qui lui vaut d'être poignardé par Bastien.

De plus, dans le chapitre 22 La bataille autour de la Tour d'Ivoire, il y a un propos sur l'aveuglement face au pouvoir en place qui semble le seul repère de gens perdus avec les suiveurs aveugles de Bastien et les gens lucides comme les partisans d'Atreyu finissant par lutter contre Bastien et ses suiveurs car ne veulent pas d'un pouvoir abusant de son autorité pour faire des choses horribles.

En dehors de ses aspects terrifiants et ses propos riches, L'Histoire sans fin parle de la recherche d'identité et du besoin d'appartenir à un monde où l'on peut trouver sa place afin de ne plus se sentir délaissé. Tout ça pour dire que ce roman est riche en symboles et qu'il serait facile d'en parler pendant des heures tant il y a à dire sur lui.

Mais que serait un excellent roman sans une excellente écriture?

Autant le dire tout de suite, en dehors des polices d'écriture pour faire la différence entre l'intrigue du roman L'Histoire sans fin et l'aventure du livre L'Histoire sans fin, Michael Ende a fait quelque chose de très intéressant au niveau du style, en particulier durant la première partie.

Dans le monde réel, tout est pensé sur le ton de la conversation dans une ambiance assez réaliste où l'on dit des mots de la vie de tous les jours dans un style terre-à-terre pour renforcer la mise en abyme entre le roman que nous lisons et le livre que lit Bastien.

Dans le monde de Fantasia, tout est raconté d'une manière théâtrale pour renforcer l'aspect merveilleux et fantastique dans lequel se plonge Bastien et où nous nous plongeons nous-mêmes à travers son point de vue se plongeant dans le point de vue d'Atreyu.

Petit à petit, Bastien se laisse tellement emporter qu'il finit par parler de manière théâtrale malgré lui jusqu'à ce qu'il laisse de côté le monde réel et entre littéralement, dans tous les sens du terme, dans le monde de Fantasia à travers les styles d'écriture n'étant plus séparés et ne faisant plus qu'un

Sous l'effet d'une formidable pression la coquille du gros oeuf vola en éclats, tandis qu'on entendait un sourd grondement de tonnerre. Puis un vent violent commença à souffler des pages du livre que Bastien tenait sur ses genoux si bien qu'elles se mirent à voler. Bastien sentit le souffle dans ses cheveux et sur son visage, une rafale[...]s'engouffra dans le livre et les lumières s'éteignirent.

De plus, la mise en abyme va si loin que même le lecteur le plus rationnel peut se laisser avoir par les mots du roman et croire qu'il y a vraiment un monde caché en lui lorsque l'auteur s'adresse directement à nous plusieurs fois de façon détournée et angoissante au point de nous faire nous sentir observés bien malgré nous

Lui, Bastien, apparaissait en tant que personnage dans le livre dont il s'était considéré jusqu'à présent comme le lecteur! Et qui sait si un autre lecteur n'était pas justement en train de lire, croyant à son tour n'être qu'un lecteur...et ainsi de suite jusqu'à l'infini!
"Une chose est sûre: tu ne m'as pas volé ce livre car il n'appartient ni à moi, ni à toi, ni à quiconque[...]Qui sait, peut-être qu'à l'instant où je te parle quelqu'un d'autre l'a en main, est en train de le lire."

Autre détail important: Bastien entre dans le livre L'Histoire sans fin à la fin du chapitre douze. Chapitre durant lequel retentit les douze coups de minuit symbolisant ainsi l'heureux jour de la (re)naissance du personnage.

En dehors de ça, le récit de Michael Ende alterne entre le narratif avec les rencontres que font Atreyu et Bastien sur leurs chemins ou encore les risques qu'ils prennent durant leurs (més)aventures individuelles et commune; et le contemplatif que ce soit durant l'aventure d'Atreyu ou la mésaventure de Bastien.

En effet, afin de nous présenter un univers riche, l'auteur nous fait des descriptions de personnages-figurants comme le feu-follet ou le Tout-Petit évoqués plus hauts. On a également des détails précis sur des belles villes comme la Cité d'Argent, de paysages comme la Mer aux Herbes où vivent les Peaux-Vertes, de lieux terrifiants comme l'Abîme sans fond d'Ygramul, ou encore de paysages morbides comme les Marécages de la Mélancolie où Artax perd la vie sans oublier la sinistre Ville des Anciens Empereurs où sont perdus tous les humains ayant perdu leurs souvenirs à Fantasia.

Bref, malgré certains défauts, L'Histoire sans fin est un livre excellent nous incitant à rêver et imaginer car cela nous aide à supporter nos vies pas toujours faciles mais également nous avertit de ne pas oublier la réalité dans laquelle on vit et y faire face à travers les leçons que les récits nous ont enseignés.

Ainsi, la morale de L'Histoire sans fin est double

I-N'oubliez jamais que quelques soient les circonstances et les difficultés de la vie, vous ne devez pas forcer un enfant à grandir trop vite et, surtout, ne pas l'empêcher de rêver sous peine qu'il devienne un adulte inaccompli.

II-Si vous voulez que les enfants apprennent à être responsables en grandissant, ne leur imposez pas vos manières de penser. Ouvrez-vous à eux en écoutant les leurs et ils s'ouvriront à vous en écoutant les vôtres.

Pour finir, j'achève cette critique du roman L'Histoire sans fin en partageant ici mes critiques de ses adaptations

  • L'Histoire sans fin

https://www.senscritique.com/film/l_histoire_sans_fin/critique/280631299

  • L'Histoire sans fin II

https://www.senscritique.com/film/l_histoire_sans_fin_ii/critique/302309287

BlackBoomerang
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le 3 mars 2024

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le 4 mars 2024

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