L'Homme-dé
7.2
L'Homme-dé

livre de Luke Rhinehart (1971)

— Tu as aimé ? — Ça dé-pend* des passages...

*Le jeu de mots me semblait impératif :D


Attention, spoiler de citations (si ça compte pour certains) et elles ne sont pas grisées (parce que ce sont juste des citations, sans gros spoil d'intrigue).


Pour commencer, j'avouerai que j'ai dû un peu me forcer pour finir ce livre parce que je l'ai trouvé à la fois passionnant et pas du tout passionnant. De chapitre en chapitre, j'envisageais de lui mettre 8, puis 2, puis 10, puis 1... et j'ai donc opté pour 5 (et il n'y aucune histoire de dé dans cette note (ouais, je suis pas fun comme ça), c'est juste une moyenne entre les passages que j'ai trouvés géniaux et les passages où la lecture ne m'emballait pas franchement, voire me gonflait tout bonnement).


Donc, dans ce livre, il y a :

1) des phrases comme ça :




Il y a une telle pourriture dans la façon dont on nous oblige à vivre qu'on en est tous intoxiqués ; il y a une guerre mondiale engagée entre ceux qui construisent et travaillent avec la machine de soumission et de torture, et ceux qui cherchent à la détruire. Cette guerre mondiale a lieu maintenant : de quel camp êtes-vous ?



Ces passages font pencher ma note du bon côté de la balance... On en trouve quelques uns, mais le dé n'a malheureusement pas dû dire à Rhinehart d'en écrire tant que ça parce qu'elles se font trop rares.



2) puis des phrases comme ça :




Vous souhaitez être aimé avec une soumission d'esclave par..., vous souhaitez aimer... avec une soumission d'esclave ; faire une cour tendre à... ; être violé(e) par... ; violer... ; vous souhaitez voir des films pornographiques, assister aux activités sexuelles d'autrui ; faire un strip-tease ; assister à un strip-tease ; être la maîtresse de quelqu'un, une prostituée, un étalon, une call-girl, un prostitué ; être marié avec...



Et ça, par contre, le dé a dû lui dire d'en écrire des tartines et des tartines parce que Rhinehart a eu la main lourde sur les scènes du genre. Si les expériences sexuelles ont toute leur place dans ce livre, je pense qu'on n'avait pas besoin d'aller aussi loin autant de fois... On avait compris au bout de la cinquième scène de c*l. Car je crois qu'absolument tous les cas de figure évoqués dans cette citation ont trouvé leur place en un développement plus ou moins long.
Ces passages-là ne m'ont ni plu, ni déplu, ni excitée, ni outrée... Je les ai juste trouvés redondants et ils ont fait pencher ma balance du mauvais côté, juste parce qu'ils rallongent inutilement un livre déjà long.



3) et puis des phrases comme ça :




Toute personnalité se résume à une somme énorme de minorités supprimées. Si un homme n'élaborait pas un système solide de contrôle de ses pulsions, il n'aurait pas de personnalité définissable, il serait imprévisible et anarchique, on pourrait même dire libre. [...] Dans une société multivalente, seule une personnalité multiple peut faire l'affaire. Nous avons chacun une centaine de moi potentiels réprimés ; nous avons beau fouler à toute force le sentier étroit de notre personnalité, nous ne parvenons jamais à oublier que le plus profond désir est d'être multiples, de jouer de nombreux rôles différents.



Et quand on tombe sur un de ces passages, on est juste reconnaissants que Rhinehart arrête deux minutes de faire l'imbécile pour nous exposer une théorie avec raison et raisonnement. Malheureusement les dés reviennent vite bousiller cet "écart" de pertinence (car pour les dés, la pertinence durable n'a pas lieu d'être) et Rhinehart-en-mode-andouille revient au galop.


Bref, j'ai trouvé ça frustrant. En gros, sur 520 pages environ, il doit y avoir 200 pages de Rhinehart qui exaspère tout le monde avec ses bêtises (même si je dois bien admettre que certaines absurdités m'ont bien fait rire), 200 pages de sexe décomplexé où l'auteur semble s'être fait plaisir, 100 pages de Rhinehart qui éveille un certain intérêt chez les potentiels "dé-étudiants" (y compris le lecteur, qui ricane forcément à un moment ou un autre en se disant "tiens, je vais essayer !") et 20 pages de théorie plutôt sérieuse et de lignes qui envoient ce qu'il faut sur la société.


Après, il me semble que si on prend ce livre dans son ensemble, une fois qu'on l'a fini, il est tout à fait pertinent dans sa construction... On voit bien la destruction du moi (et du livre en fait) sous l'influence des dés. Et donc, vu comme ça, c'est hyper bien fait. Mais en même temps c'était un peu relou à lire par moments... Donc, bref, on reste sur du 1 versus 10 au niveau de la note, entre génie et bêtise absurde... Donc, oui, 5.


En conclusion de cette critique sans queue ni tête (pas facile à commenter ce livre !), je dirais que, malgré ma note, je recommande la lecture de ce livre, ne serait-ce que pour son côté subversif et son postulat intrigant, mais aussi que je me dédouane de toute responsabilité en cas de déception, parce que c'est quand même un gros livre écrit tout petit et qu'à l'épilogue j'ai fait "Mouais", autrement dit : "Tout ça pour ça".

Avalon
5
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le 6 mai 2018

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9 j'aime

Avalon

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9

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