- 20 ans que vous dévorez goulûment de la science-fiction, et vous n'aviez jamais touché à la Culture de Banks ?! Qu'avez-vous à déclarer pour votre défense ?
- Euh, euh... Que si on lit tout le meilleur d'un coup, la vie ne vaut plus la peine d'être vécue ensuite ?... (sourire figé)
- Mouais... Bon, vous avez intérêt à me l'encenser, dans ce cas !
- Oui oui, M'sieur Asimov, je m'y mets tout de suite !

Il aura fallu en effet attendre le décès de Ian Banks en milieu d'année, et la parution du 9e et donc dernier tome du cycle de la Culture ("la sonate hydrogène") le mois dernier pour que je me lance enfin dans cette œuvre épique. Je me dis au moins qu'il me reste plein de bonnes choses à lire en perspective !

Si ces 9 romans forment un tout, ils se lisent à priori indépendamment sans trop de problème. Il semble toutefois conseillé de les aborder à peu près dans l'ordre, certaines caractéristiques de la Culture présentées dans un roman n'étant pas forcément (et logiquement) réexpliquées dans les suivants.

Dans "L'homme des jeux", on découvre donc la Culture : une immense société galactique à la fois pacifique et agressive, au très haut niveau de technologie et à l'éthique très avancée, totalement imbue de sa supériorité sur les civilisations encore primitives. Dans ce contexte, Gurgeh, champion des jeux de la Culture, est envoyé dans l'empire d'Azad où le pouvoir lui-même se conquiert grâce à un jeu multiforme très développé.

Azad ressemble en fait beaucoup à notre propre société capitaliste, et c'est là que s'exprime en grande partie le talent de Banks. A travers le regard tour à tour condescendant, incrédule ou même choqué de Gurgeh devant la barbarie de l'empire, il ne se prive pas de montrer du doigt avec humour, ironie, mais aussi profond sérieux, les aberrations de notre monde soit-disant moderne.

L'intelligence de Banks le pousse néanmoins à ne surtout pas faire de sa Culture un modèle, et il ne se retient pas d'en afficher les dérives et les excès. La conclusion du roman, très réussie même si elle est assez prévisible, donne à réfléchir sur le rôle de l'éthique en stratégie politique (si tant est qu'il en ait un...).

Un roman brillant, donc, dont le succès est bien justifié. Banks ne se prend jamais au sérieux, et ne résiste jamais longtemps, en véritable britannique, à la tentation de l'humour et de la dérision. Témoin notamment les hilarants noms de baptême des pourtant très imposants vaisseaux de la Culture : les "Mais oui, je t'aime !" et "Veuillez consulter la notice" m'ont fait hurler de rire.

Bref, le véritable homme des jeux, c'est Banks lui-même, pour notre plus grand plaisir !
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le 9 nov. 2013

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