Le décor planté est prometteur : grands espaces lunaires (d'où le titre), un homme solitaire, mentalement et socialement torturé, pris entre la nudité de la roche et l'immensité de la nature (assez classique finalement pour Gallmeister, l'éditeur fétiche d'une littérature des grands espaces), une tension palpable à l'idée.

On en ressort finalement avec un goût d'inachevé et de gâchis : les montées en tension narrative - loin d'être crescendo et permanentes tout au long de l'opuscule pour atteindre l'extrême, comme le promet un peu abusivement la 4ème de couv - retombent quasi systématiquement comme un soufflé, coupés par des soliloques aussi confus qu'inutiles, quoique renforçant la dimension loufoque du personnage, qui nous gratifie d'une scène d'anthologie dans son plus simple appareil : totalement à poil.

De même, on pressent un final à vous couper le sifflet ... et bien que la surprise est honorable, le résultat demeure un tantinet décevant, comme ces repas de macdonaldesques finalement pas si désagréables mais qui vous laissent inévitablement sur votre faim, et avec l'impatience de retourner aux fondamentaux, dans votre vieille boulangerie, votre généreux charcutier ou votre fin caviste, à la rechercher d'éléments plus authentiques et nourrissants !

On ne juge pas un roman au poids. Mais il n'en demeure pas moins que compte tenu de sa brièveté et de sa lecture facile, celui-ci présente certains traits dignes d'un petit détour, par l'atmosphère inquiétante qu'il parvient à créer en filigrane (pour le dire trivialement, l'investissement pour s'y plonger n'est pas trop lourd, et donc peu risqué) : illuminations et obsessions mystérieuses qui saisissent le personnage, hostilité et rugosité du milieu dans lequel il se complaît...

jhue
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le 24 août 2011

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