Une approche trop subjective...
Sur le fond, cet essai se tient dans l’analyse de la représentation de l’homosexualité dans le cinéma français. Il évoque non seulement le statut de l’homo qui évolue petit à petit et pousse la réflexion bien en amont établissant l’identité sexuelle et la place de l’homme dans notre société. Les références sont nombreuses et bien ciblées.
Toutefois, une espèce d’angélisme pousse un peu trop Alain Brassart à considérer que la vision des cinéastes gay est par trop marquée sur la souffrance et les difficultés d’être. Le gay trop assimilé comme martyr.
Dans son raisonnement la tolérance sociétale vis-à-vis des « homos » justifierait plus de quiétude dans la manière d’appréhender le sujet. Si aujourd’hui, plus qu’hier il est aisé de vivre son homosexualité dans les grandes villes, il reste un vieux fond conflictuel lié à l’environnement familial (le coming out face aux proches est toujours un cap difficile), géographique (difficile d’assumer sa différence dans les petites villes ou les banlieues) ou même par la perception pour certains individus (milieu professionnel entre autre). Il y a peu, un Député s’exprimait sur les gays en ces termes : « Je critique les comportements, je dis qu'il sont inférieurs moralement. » ou encore « L'homosexualité est une menace pour la survie de l'humanité. [...] Je n'ai pas dit que l'homosexualité était dangereuse. J'ai dit qu'elle était inférieure à l'hétérosexualité »… Pour un garant de nos institutions, cela montre en quelque sorte les limites de la bienveillance de certains…
Sur la forme, ce livre peut-être contesté également. Universitaire de formation, Alain Brassart s’appuie un peu trop sur les perceptions extérieures, nombre de citations d’ouvrages ou mentions de critiques de films sont contenues dans son livre. Cela donne à son livre une espèce de distanciation assez embarrassante. On aurait aimé recueillir beaucoup plus de témoignages directs des auteurs de films cités, cela aurait sans doute apporté un éclairage différent, plus plongé à l’intérieur du sujet.
Il illustre aussi son discours de manière systématique, sur des exemples qu’il décline ou duplique de chapitre en chapitre, tombant assez souvent dans des redites qui a force de viennent rebutantes.
Certes, l’ouvrage a le mérite d’exister, mais il n’apporte qu’un éclairage quelque peu tronqué.