On a beau pratiquer l'optimisme comme d'autres la méditation transcendantale, il n'empêche : parfois on a des coups de mou. Et le passage à vide d'Yves Paccalet prend des allures de réquisitoire au napalm, de giclée de vinaigre sur des écrouelles infectées, voire de grande lampée d'acide chlorhydrique en guise de digestif. Autant dire que le bonhomme a été poussé dans ses derniers retranchements par trois décennies de militantisme écologique voué au néant. Car, il faut bien l'avouer, les discours alarmants sur l'avenir peu riant, et c'est peu de le dire, qui nous attend probablement restent lettre désespérément morte, a fortiori en période de coupe du monde. Mais pas que : il suffit d'un petit air niais à la mode, de la sortie d'un nouvel appareil ultraplat ou d'un potin croustillant sur la vie sexuelle d'une célébrité et aucun avertissement, même frappé d'une tête de mort blanche sur fond noir, n'a plus aucune audience auprès du quidam moderne. Soyons réalistes. On va crever de toute façon, on s'en fout, repasse-moi la boîte à pizza et tais-toi, l'émission de Lagaffe va commencer. Vous voyez le topo. Autant dire que notre auteur est exaspéré. Autant qu'on peut tous l'être dès qu'on prend un peu de recul pour regarder notre mode de vie avec des yeux lavés de l'habitude. Alors, histoire de nous secouer un peu les puces, il enchaine les faits avérés et les scénarios catastrophes. Et ça pique un peu. D'autant plus qu'ils sont tous possibles, voire carrément probables, à plus ou moins court terme. C'est la cata. Au terme de ces 190 pages, on a bien rigolé (jaune) et on a un peu envie de se jeter tête la première dans une cuve de déchets radioactifs. Heureusement, on a potassé la question de son côté et on a d'autres saints auxquels se vouer (nan, je vous aide pas, là-dessus, chacun se débrouille !), qui soulignent que l'holocauste nucléaire tant attendu a presque 20 ans de retard et ne se produira probablement pas. Et d'autres nouvelles apaisantes que j'ai bien fait de noter à mesure sur cahier parce que je vais avoir besoin de me les relire 20 fois pour contrecarrer l'épouvante provoquée par ce petit livre au titre raté et au contenu dévastateur ! J'en conseille malgré tout la lecture à tout le monde, histoire qu'on arrête de perdre autant de temps à continuer à accorder le moindre crédit à cette ineptie de rêve américain...