Après avoir adoré Jack et la grande aventure du Cochon de Noël, qui avait su me faire replonger en enfance, le charme a moins bien opéré avec L’Ickabog… je suis même totalement passée à côté.
Paru d’abord gratuitement sur internet en 2020 pendant le confinement, ce roman a ensuite eut droit à sa publication (les droits de l’autrice étant reversés à une œuvre de bienfaisance). Nous est présentée l’histoire de la Cornucopia, un royaume idyllique ou presque tout va à merveille. Presque, parce qu’une sinistre légende vient assombrir les heureuses pensées des habitants : celle de l’Ickabog, un monstre terrifiant et dangereux venu tout droit des marais désolés du nord du pays. Après des années passées à l’évoquer avec désinvolture, les Cornucopiens vont apprendre que le monstre existe bel et bien.
Récit épique, on comprend dès les premières lignes que cet ouvrage est fait pour être conté à voix haute à des enfants (de sept à neuf ans selon sa créatrice) grâce à des chapitres courts et nombreux. Mieux vaut cependant s’assurer que le public visé soit à l’aise avec l’idée de la mort (ce qui est loin d’être une formalité chez de jeunes enfants), ce roman étant pourvu de plusieurs épisodes dramatiques.
Comme tout bon récit d’aventure, celui-ci nous embarque en croisade, mais le méchant n’est pas forcément celui attendu… Si les deux héros annoncés n’ont pas été ceux qui m’ont le plus marqués – nous n’apprenons vraiment à les connaître que bien trop tard dans l’intrigue selon moi -, les protagonistes adultes ont su éveiller mon intérêt. Malheureusement, le fait que le personnage le plus présent soit finalement le plus détestable de l’histoire empêche un sentiment d’empathie de s’installer pour les autres.
Si comme moi vous êtes fans du concept d’absence volontaire de demi-mesure, vous serez enchantés de découvrir que, telle une histoire de Roald Dahl, tout est exagéré dans ces pages : les gentils sont très naïfs, les méchants diablement sournois. Alors pourquoi n’ai-je pas réussi à m’imprégner de cette ambiance ? Sans doute dû au fait qu’il n’y a pas de réelle surprise. Originale dans la forme mais peut-être moins dans le fond, l’intrigue paraît courue d’avance. Je me suis donc retrouvée spectatrice des mots plutôt que lectrice immergée dans un univers fantastique.
Je garderai cependant en mémoire la notion de « néance » qui m’a, elle, totalement séduite, ainsi que la morale, point fort de l’histoire : les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit et peuvent revêtir bien des aspects.