Je viens de terminer ce court recueil de trois nouvelles de Ch'en Ying-chen, auteur originaire de Taïwan (né en 1937). L'identité taïwanaise face au continent, tel est la matière première de ces trois nouvelles.
La première, très touchante, nous raconte l'histoire d'un soldat, venu du continent, s'attachant à un jeune prostitué taïwanaise. Les deux n'ont pas une vie facile et cette rencontre changera imperceptiblement au départ le file de leur histoire personnelle. Assez courte mais très poignante, cette nouvelle ne peut laisser indifférent le lecteur.
La seconde, plus longue, reprend quelque peu le même principe puisqu'un G.I américain tombe amoureux d'une entraineuse. Lui est un descendant d'esclave qui, grâce à la guerre, se pense enfin à égalité avec l'homme blanc. Elle est issue d'une famille pauvre et se retrouve à vendre son corps dans un bar à soldat. Bref, d'une tristesse apparente surgit une histoire d'amour touchante.
La troisième nous raconte l'histoire d'un couple qui se cache au sein d'une entreprise dirigée par les américains. Leur histoire déjà bien difficile à vivre s'ajoute à leur situation professionnelle où le contrôle par une puissance étrangère de leur avenir leur pose des problèmes de conscience impossibles à résoudre.
Ch'en Ying-chen décrit de façon particulièrement habile la psychologie et le ressenti des ses différents personnages. L'écriture est agréable et les histoires simples et tristes. Les taïwanais de souche qui y sont décrits ne sont jamais dans une position facile, bien au contraire, mais leur humanisme reste intact. Lorsque l'on sait que l'auteur a passé dix ans de sa vie en prison pour « activités anti-gouvernementales », on comprend son attachement à l'identité de son île d'origine.
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