Tony Duvert fait partie de ces écrivains faisant l'apologie du droit des enfants et des adolescents de faire l'amour dans les années 70. Avec des adultes, et si possible lui. Et comme on vient de le confirmer avec l'affaire Gabriel Matzneff, ça ne troublait pas plus que ça l'Intelligentzia de l'époque, surtout si on était qualifié de bon écrivain.
Et justement, pour ce livre en tout cas, Duvert n'en est pas un. Il écrit comme tout le monde de son milieu dans les années 70, une soupasse nouveau roman/naturalisme où le comble du style c'est de changer de scène et de personnages au détour d'une phrase, ou de ne pas terminer une phrase du style "Ha la la, si je le tenais ce. C'est pas. Il verra quand."
Pour ce qui est de l'histoire, c'est plus intéressant. Bon, j'avoue que la chanson L'enfant de la Misère est une chanson qui me fait mourir de rire, ce qui explique mon intérêt puisque le deuxième chapitre se termine par une correction à coup de chaîne par un père sur son gamin décrit alors comme "une chose rouge, molle, mouillée, sans forme explicable." Une telle exagération grotesque ne peut que me faire rire. Bref, on comprendra alors que le gamin fugue et on se retrouve à lire les errements d'une aléatoire bande de gamins qui commettrons des vols et dont certains fugueront à leur tour. Il n'y a pas vraiment d'amitié entre eux, ils sont très rapidement lassés les uns des autres, surtout avec la distinction petits/grands.
Les adultes sont tous des cons ou des pourritures, qu'ils aiment leurs gamins ou pas. S'ils les aiment, ils les aiment mal et sinon, bah ils sont proprement immondes avec eux. La palme revenant à une mère absolument abjecte qui s'en prend au plus faible (le plus petit) de ses 4 fils. Le tout donne un résultat excessif et invraisemblable qui m'a fait plutôt rire la plupart du temps. Mais ça tourne à vide, il n'y a pas de base, c'est gratuit*. Là où un Sade écrit bien pire (et bien mieux mais il a la langue du XVIIIe pour lui), c'est toujours avec un objectif philosophique, une étude de ce qu'il appelle "Nature" et sa révolte contre un Dieu. Ici, l'auteur aligne les horreurs comme dans un torture-porn.
Pour y revenir, il y a des séances de touche-pipi. La plupart des gamins trouvent ça dégueulasse, en tout cas de le faire en groupe. Il y en aura bien deux qui feront plus et qui en seront satisfaits mais globalement on est loin du pire.
*enfin non, 8.90€