Pièce assez sympathique, mais peu consistance je trouve. Une intrigue excellente, c’est une super idée de renverser les rôles entres maîtres et esclaves, mais je ne la trouve pas forcément bien traitée par Marivaux. Disons que le propos de la pièce est assez intéressant, mais je ne trouve pas les situations particulièrement drôles, savoureuses, hormis quelques répliques d’Arlequin, que je considère comme le seul personnage drôle de la pièce, le seul personnage relativement bien traité. Disons que la pièce est trop courte, et même trop réductrice ; cela aurait été bien de mettre en scènes plus de personnages, par exemple d’instaurer un duo de personnages dont les conditions sont inconnus, les deux personnages se faisant passer pour esclaves. En fait, la pièce pourrait apparaître comme une longue fable, un apologue au discours relativement claire et explicite, un discours intéressant certes, mais relativement simple, et la forme ne permet pas de prendre une dimension forte à la pièce je trouve. Disons qu’elle doit être — je pense — plus intéressante à voir et / ou à mettre en scène qu’à lire.
Ce n’est cependant pas mauvais, j’aime tout de même la façon dont Arlequin considère sa condition de nouveau maître, son syndrome de Stockholm refoulé également, ou encore ce renversement de situation qui ne peut fonctionner car nous restons prisonnier de notre propre condition, d’où le fait qu’Arlequin tombe amoureux de la maîtresse de Cleanthis et inversement. C’est une pièce également représentative de son époque, une époque où les rôles, les « ordres » tendent à changer, à évoluer, voire à s’inverser. La pièce a de bonnes idées dans le fond, mais cela est beaucoup trop court, les personnages ne sont pas assez travaillés, et ça manque de jubilation, ça ne m’a pas mis en joie, les répliques ne sont pas particulièrement drôles, et cela est dommage. Seul Arlequin m’a plu.