Anatole France, prix Nobel de littérature, est un auteur qu'on lit peu aujourd'hui, à ma connaissance. Son "Ile des Pingouins" est, pour 1908, un récit avant-gardiste et futuriste bien qu'il se propose de retracer l'histoire complète de la civilisation des Pingouins (comprendre celle de l'homme, et plus particulièrement l'histoire des Français).
Par ce procédé d'analogie animalière - qui inspirera peut-être George Orwell, Anatole France s'autorise à partager avec ses lecteurs son analyse sociologique, économique, politique, religieuse et idéologique de la société. Son récit est chronologique, il part des origines et de la christianisation aux révolutions industrielles en passant par le Moyen-Âge, les Temps modernes et... l'affaire Dreyfus qui occupe une longue partie du roman sans dire son nom.
Non dénuée d'humour, cette narration renseigne et instruit le lecteur (surtout celui de 1908) plus qu'elle ne le divertit. Aujourd'hui, elle le fait même plutôt grincer des dents et sourire tour à tour. Grincer des dents devant le constat qu'en plus de cent ans, les lignes n'ont pas tellement bouger ; sourire à la dénonciation de comportements ridicules que seul le temps a le pouvoir de révéler avec la prise de recul.