L'Île du monstril par jerome60
Poil-gris et Poil-roux, deux amis ragondins, engagent une conversation sur le manque de débrouillardise de la jeunesse actuelle. « De nos jours », dit Poil-gris, « les enfants sont des empotés ! ». En voulant prouver à son compère que cette affirmation est indiscutable, le ragondin va entraîner Elvire et Léon, deux enfants venus se promener au bord de la rivière, dans une aventure des plus dangereuses.
L'île du Monstril est un mélange subtil et original entre deux types de narration : les dialogues entre les ragondins sont retranscrits sous la forme de blocs-textes classiques alors que les péripéties vécues par les enfants sont reproduites sous la forme de vignettes de bande dessinée.
L'alternance entre les deux types de narration donne au récit une vraie dynamique et ne perturbe en rien la lecture. Tout juste faut-il que l'enfant perçoive dès le départ que ces deux plans narratifs s'imbriquent pour illustrer deux visions différentes de l'histoire. Le récit des ragondins et celui en images qui concerne les deux enfants ne sont pas dissociables : cette complémentarité permet de comprendre la structure si particulière de l'ouvrage.
Le choix d'Yvan Pommaux d'alterner entre BD et récit est l'originalité majeure de l'album. L'histoire à proprement parler est une forme de Robinsonnade assez classique dans laquelle intervient un élément de fantastique : la présence sur l'île d'un monstre. Le vocabulaire est parfois un peu précieux (empoté, mijaurée, ma foi...) et le vouvoiement que s'imposent les deux ragondins amplifie le coté « vieux jeu » des dialogues.
Les illustrations respectent les fondamentaux de la ligne claire et les couleurs sombres renforcent le coté lugubre et dangereux de l'île. D'ailleurs, la luminosité s'accentue uniquement sur la dernière double page, lorsque les enfants regagnent la terre ferme.
L'île du Monstril est une belle occasion pour faire découvrir aux enfants à la fois un genre (la bande dessinée) et un type de récit (la robinsonnade), à travers un ouvrage de qualité.