Ce polar judiciaire, qui commence comme une émission américaine des années 2000, est découpé en cinq grosses parties et relate différents procès fictifs menés par Sebastian Rudd, l'avocat des accusés. Et oui, l'originalité du roman réside dans sa chronologie étonnament alongée. On est comme plongés dans le quotidien professionnel - et un peu privé - de cet homme de loi.
Ici, il n'est jamais question qu'enquête. Pas de "Est-ce que vous êtes coupable ?", ni de recherche de preuves. Quasiment tous les clients de Rudd sont non-seulement suspects et accusés, mais ils sont aussi responsables des charges qui pèsent sur eux. Alors, Rudd devient une sorte de dernière chance : le gars qui va trouver la faille dans la procédure judiciaire pour faire acquiter son client, l'erreur du procureur pour raccourcir la peine de son client. Mais pas que, Rudd il emploi les grands moyens. S'il le faut, il use volontiers du chantage, du soudoiement, et de la violence. Hein ? Il se présente comme un héros, le sauveur, mais en fait, il ne vaut pas mieux que les autres avocats corrompus.
Les scènes de procès, faut être patient pour les lire. Elles arrivent un peu trop tard à mon goût, alors que Rudd enchaîne les affaires... Mais, même si Grisham est avare en "Objection votre honneur !", les scènes d'audience sont en général plaisantes : les interrogatoires de témoins, les stratégies de défenses, l'utilisation du droit. J'ai apprécié la remise en cause des lois américaines, la critique de la police et du système judiciaire, du droit en somme. Ca, c'est très intéressant. D'ailleurs, pour tout vous dire, j'ai choisi de lire un Grisham parce que j'adore cette thématique, que j'ai également adoré dans la saison 1 d'American Crime Story et aussi parce que le roman que j'écris actuellement se déroule autour d'une affaire judiciaire qui se situe aux Etats-Unis.
En revanche, si la narration est encore acceptable, les personnages sont à mourrir d'ennui... Je n'ai pu m'identifier à aucun d'eux, pour la simple et bonne raison qu'ils sont des girouettes caricaturales.
Rudd est à la fois un macho orgueilleux et vantard, et un mauvais père asocial qui gratte la pitié du lecteur. Il est détesté par ses "collègues" et par les forces de l'ordre, haï par les "honnêtes" citoyens et par la famille des nombreuses victimes. Ces seuls amis sont des gens en marge comme lui bien sûr, des gens mal-aimés. Le quotidien de Rudd c'est des affaires judicaires ultra-complexes, de multiples menaces de mort et des tentatives d'assassinat. Euh, c'est pas un peu too much ? Le pire, c'est qu'il s'en sort tout le temps parce que... bah parce qu'il est trop fort ce type ! Je trouve personnellement cette perfection agaçanta à souhait. En plus de se dépeindre comme un pauvre avocat en marge, et le seul qui fait bien son travail, il a un ego surdimensionné et est d'un antipathique à friser la sociopathie. Vous vous en doutez, j'ai eu un mal fou à croire à ce récit.
Judith, son ex-femme, elle était cool au début. Elle avait du caractère et semblait forte. Elle est par ailleurs est la seule à l'envoyer balader et à le recaler en une phrase bien placée.
"- Cela ne te manque pas le sexe hétéro ?
- Sérieusement, Sebastian, tu veux vraiment parler de ça après un mariage raté et un enfant non désiré ?"
Mais finalement elle passe vite pour une féministe histérique et une maman poule insupportable. Et faut voir comment le narrateur (Rudd) décrit les femmes...
Quant à Partner, le partenaire (ahah) de Rudd, son bras droit, on dirait une sorte de fantôme dont on ne connait que quelques pans de vie. Il m'a surtout semblé être une facilité scénaristique (si je puis dire) puisqu'il est un homme à tout faire bien pratique pour résoudre les problèmes insolvables auxquels est confronté ce cher avocat (véreux).
Bon, je ne suis peut-être pas tombée sur le bon Grisham pour commencer, alors je vais lui donner une chance et en lire un second. Des suggestions ?