Chaque jour peut contenir toute une vie : Comme Rafael Chirbes l’avait fait avant lui dans «La chute de Madrid», Pablo Martín Sánchez concentre l’action de son roman en une unique journée de mars 1977, qui se trouve être le jour de sa naissance, et réussit à brosser une fresque de la société espagnole en pleine effervescence avant l’organisation des premières élections démocratiques – cette période dont Javier Cercas a formidablement décortiqué les convulsions dans «Anatomie d’un instant».
«Aujourd’hui tu vas naître. Tu ne devrais pas, mais tu vas naître. Tu ne devrais pas parce que là, dehors, c’est l’enfer. Des manifestations tous les jours. Les gens parlent d’élections. D’attentats. D’amnistie. Et tu es si bien dans ta grotte. Bien au chaud. En apesanteur. Pas besoin de respirer, ni de manger, ni de pleurer. A quoi bon, puisque personne ne t’entend ? Gigoter, oui. Donner des coups avec les mains. Comme un boxeur ou un karatéka. Démontrer que tu es prêt à affronter la vie. Un milieu hostile. La vie te donne beaucoup, disent les gens. Mais la première chose qu’elle te donne, ce sont deux claques sur les fesses. Comme celles qu’on entend dans la pièce d’à côté, suivies de pleurs déchirants.»
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