Les hommes avaient inventé un projet pharaonique : creuser un canal long de plus de 300 km à travers le sud tunisien pour inonder les chotts et les sebkhas désertiques de l’intérieur en permettant à la méditerranée de s’engouffrer dans les terres depuis le port de Gabès. Projet délirant auquel les hommes ont réfléchi sérieusement. Projet abandonné dans les années 1870 et que Jules Verne mène à son terme dans une fiction pas toujours très réaliste.
Une équipe de quelques dizaines d’hommes partent de Gabès en reconnaissance des travaux réalisés plusieurs décennies plus tôt. Un ingénieur, deux officiers français et une troupe de spahis partent ainsi dans le désert, relient Tozeur, dépassent Nefta et poursuivent en Algérie où débouche le canal. Les travaux de l’époque ont été correctement exécutés et le canal est en bon état. Il ne restera plus que l’ouverture sur la mer à creuser en faisant sauter le seuil de Gabès. Mais arrivé au terme du canal, au kilomètre 347, on constate que l’ouvrage a été saboté. Les coupables sont les touaregs, farouchement opposés au projet. Car cette mer saharienne empêchera les allées et venues des caravanes (le transport devant se faire alors par bateaux). Plus de caravane, plus de rapine, de vol et de détournement dont vivent ces peuplades. De plus, la culture des dattes – de grandes qualités – seraient touchées de plein fouet. Opposition donc.
Mais l’européen ne se préoccupe pas beaucoup des populations locales. Il évolue en maître absolu sur ces terres conquises et entend bien imposer ses vues. Qui sont d’ailleurs ces autochtones ignorants pour contredire les meilleurs scientifiques de métropole ? « Les indigènes nous remercierons quand tout sera terminé ! »
Mais Hadjar, qui s’est évadé de la prison de Gabès, ne se rendra pas sans combattre ! Et outre les pièges du désert, la troupe de reconnaissance devra aussi se méfier de ce chef touareg et des siens.
Avec Jules Verne, le lecteur se plonge dans un univers fait d’aventures et de sciences. Pédologie des chotts, économie des oasis de palmiers-dattiers, géographie des villes du sud de la Tunisie et de l’Algérie, situation de la région en ce début de XXe siècle… Ce roman est une réelle occasion pour l’auteur de dresser un tableau de l’est du Maghreb et du projet démesuré qui fut imaginé en dépit du bon sens, de l’économie locale, des habitants et plus encore de l’écologie – notion inconnue à l’époque. La part d’aventures est moins importante ici que dans d’autres romans (Voyages et aventures du capitaine Hatteras, Les enfants du Capitaine Grant…), le lecteur moins emporté, le périple plus tranquille bien que dépaysant. La conférence scientifique, elle, est plus marquée. Et même si elle reste très intéressante et enrichissante, le ton souvent doctoral de Jules Verne nuit un peu au rythme habituellement enlevé des expéditions.
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le 14 nov. 2012

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