« La mort par le feu est la plus pure de toutes »

Ayant découvert l’univers de Game of Thrones par la série TV et non par les livres, j’ai abordé les livres comme un complément, ou une alternative peut-être, à la série dont j’ai fini par être fan, j’en ferai de même dans ma critique. Je ne spoilerai pas dans le détail de passages importants, je les sous entendrai tout au plus mais j’en parlerai quand même à demi-mot donc bien sûr si vous voulez une découverte totale, lire cette critique n’est pas recommandée mais j’ai envie de dire que ça vaut pour toute critique dans ce cas-là.

Le précédent tome, l’ombre Maléfique, accusait certaines longueurs et maladresses à mon goût, bien que restant d’un très bon niveau bien entendu, j’espérais pas mal de ce cinquième tome et je n’ai pas été déçu. La plupart des passages évoqués dans ce tome sont plus consistants et avec leurs variables par rapport à l’adaptation TV et j’en apprécie pour la plupart leur version littéraire. Catelyn restant plus longtemps à Vivesaigues avec des scènes intéressantes comme lorsqu’elle croit Robb son dernier fils, sa discussion plus longue avec Jaime où elle apprend ce qui est arrivé au grand frère et au père de Ned, une réflexion sur la condition des femmes plus poussée à travers ses échanges avec Brienne... pas grave que ça ait été simplifié dans la série mais c’est un peu regrettable tout de même.

La prise d’Harrenhal par Roose Bolton par l’intermédiaire d’Arya qui rencontre le petit Frey au passage apporte son lot d’éléments intéressants mais surtout plus d’éléments pour caractériser Bolton et son entourage, ce qu’il pense de l’état de la situation géopolitique actuelle et de la place du Nord dans tout ça. Ça a une trop grande importance pour amorcer la suite pour que je ne regrette pas que la série simplifie tout ça avec le simple fait que Bolton avait le sentiment de ne jamais être écouté par son roi en plus de ses ambitions personnelles.

Théon de retour à Winterfell est un passage plus court dans la série, bien mis en scène avec le thème des Greyjoy bien utilisé mais qu’est-ce que l’intrigue avec Ramsay introduit super bien ce personnage dans le bouquin, quel dommage que ce soit si simplifié dans la série. Je pense que vu l’importance à venir du bâtard Bolton, la version proposée par ce livre est plus intéressante parce qu’elle montre progressivement et efficacement le personnage tout en amenant un twist un peu plus élaboré que celui de la série pour le même passage, même si ce dernier est plus comique. Mais encore une fois, le bouquin prépare toujours plus explicitement la suite des événements.

Pour Jon Snow, les différences entre le livre et la série se poursuivent avec Qhohrin qui voulait tester Jon en le laissant avec sa prisonnière, Ygrid et son conte qui en plus de développer a minima la relation entre les deux personnages et de traiter la question d’un fait déformé selon le contexte pourrait très bien être une signification majeure pour Jon Snow si une certaine théorie sur Mance Rayder s’avérait exacte. J’ai adoré faire ce lien et c’est un des éléments qui me prouvent que j’accroche maintenant superbement bien à l’univers pour lequel je m’intéresse grandement à ses théories en en cherchant naturellement les indices ici et là.

La bataille à Port-Réal tant attendue s’avère là encore plus détaillée dans le livre avec l’avant-garde de Stannis face aux mercenaires de Tyrion, Davos qui n’était pas aux commandes de la flotte lors de l’attaque sur Port-Réal et qui prévoyait plus de prudence, toute la partie maritime ultra-simplifiée dans la série parce que ça aurait coûté beaucoup trop d’argent de tout faire... La série s’en sort vraiment bien à ce sujet, d’autant que c’est la première bataille qu’elle montre véritablement à l’écran, mais il y a toujours une plus-value à l’égard du livre sur cet aspect. Pareil pour Tyrion pour lequel la série n’a visiblement pas osé respecter le maquillage adéquat le concernant après la bataille.

Si pour tous ces arcs narratifs j’ai une préférence pour la version littéraire ce n’est pas tout à fait le cas pour ce qui concerne Daenerys, de grosses différences se font enfin sentir pour elle. Si le passage à Qarth est moins soft et plus généreux en prophéties, avec notamment les 3 trahisons pour le sang, l’amour et l’or, la tentative de coup d’État dynamise vraiment le récit durant la série par rapport au livre. Dans ce tome, les aventures de notre Targaryenne sont riches en informations mais très sincèrement c’est un peu ennuyeux par moment, la série a vraiment pris une belle initiative en rajoutant cette sous-intrigue qui donne un peu de tension à tout ça.

En dehors de cet arc narratif-ci, j’ai beaucoup apprécié ce tome 5 qui traite très bien à mon sens ses différentes intrigues, qui renoue avec les batailles, les retournements de situation, les thématiques intelligentes, les sous-entendus riches de sens... même si Le donjon rouge reste mon tome préféré à ce moment-là, l’imprenable forteresse relève à nouveau le niveau des tomes Game of Thrones à celui de l’excellence que n’avait pas su reproduire l’ombre maléfique.