Jack Kerouac méritait bien un petit investissement en matière de temps, ne serait-ce qu'en raison de sa réputation d'écrivain. Je n'ai pas lu son ouvrage le plus célèbre, si bien que je conservais une curiosité pour son œuvre. Ce petit livre n'est pas forcément la meilleure porte d'entrée, et risque bien de repousser mes prochaines investigations à plus tard parce que, si je n'ai pas souffert à lire ce récit incomplet et en forme d'entrainement, je n'ai pas non plus eu de révélation métaphysique en arrivant au bout. Un jeune prof d'université s'engage dans la marine marchande sur un coup de tête après une soirée arrosée en compagnie d'un marin en goguette dont le caractère taiseux le fascine. Un résumé à la tronçonneuse potentiellement fertile, qui évoque d'emblée des tas de pistes intrigantes, notamment en matière de coup de foudre inexplicable et de confusion entre la personne et son activité, ou entre la réserve et la profondeur. L'histoire ne tient pas vraiment toutes ces promesses, et échoue un peu à remplacer ces enjeux par d'autres plus palpitants. On suit donc nos deux errants sur la route de leur enrôlement sur le Westminster, à mesure qu'on apprend à les connaître. L'enseignant fuit la morosité de son existence, ébloui par la promesse des grands horizons qu'il a voulu lire dans les yeux de son nouvel ami. Celui-ci, Wesley, émerge face à la mer de la déprime qui le hante après une expérience matrimoniale ratée. Voilà qui est inattendu. Comme les portraits des autres marins embringués dans de dangereuses aventures en temps de guerre : l'anarchiste, l'ancien combattant des Brigades Internationales, l'aventurier bagarreur, l'intellectuel attiré par les tâches physiques dont il ignore tout et qu'il pare d'une aura romantique, et j'en passe. Ce petit catalogue attachant arrive de manière tardive dans le récit et ne ressemble en fait qu'au prologue d'aventures plus intéressantes qui n'arrivent jamais, la dernière phrase restant en suspend à l'orée d'un développement que l'auteur n'a pas écrit. Bref, l'impression d'un tour de chauffe, prometteur mais peu représentatif.

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le 1 mai 2024

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