Comme ma note le laisse deviner, j'ai été assez déçu par cet ouvrage. J'étais (et je suis toujours) un grand fan des « feuilletons », superbe travail de réécriture des mythes grecques antiques, qui parvient à mettre au goût du jour ces récits sans en dénaturer le souvenir classique que j'en avais.
J'étais donc d'autant plus impatient de débuter ma lecture, me prenant d'entrée de jeu un uppercut de la part de l'autrice qui pointe du doigt le paradoxe d'avoir insufflé du féminisme dans ces textes (ou du moins l'avoir révélé quand il était déjà présent, même si cette phrase frise avec l'anachronisme), et donc paradoxalement le succès auprès de lecteur homme. Il est vrai que je me suis pris au jeu de lire ces textes à mes enfants, et j'imagine sans peine comment des mecs plutôt féministe peuvent s'emparer de ces livres que ce soit en temps que père ou en temps qu'enseignant. Mais une fois cette graine de réflexion plantée, plus rien à voir de ce côté là.
Tant pis, je me disais que nous aurions alors le droit à une sorte de making off des feuilletons, nous expliquant comment et où l'autrice avait pioché ses inspirations et comment elle avait pu remodeler ces récits pour les rendre plus actuels. Mais là non plus, je n'ai pas lu ce que j'espérais. Au lieu du making off, on a plutôt les commentaires de la réalisatrice, c'est à dire pour moi l'impression d'écouter l'autrice me redire en d'autres termes ce qu'elle a déjà dit dans ces textes, repassant en appuyant très fort sur les traits féministes sans y apporter grand chose de neuf par rapport au texte d'origine.
On balaye alors une figure féminine après l'autre, sans trop faire de lien entre chacune d'entre elle, sans trop faire de lien avec d'autres versions (on entend vaguement parlé des auteurs classiques ou des réécritures dramatiques française pour Phèdre ou Antigone par exemple mais c'est tout). Impression d'anachronisme aussi, où on nous fait des récits de ces personnages de déesses, magiciennes, femmes fortes avec un œil très 21e siècle post #metoo, sans jamais questionner le contexte dans lequel ces femmes ont été crée, par des auteurs majoritairement homme, dans une société grecque où le place de la femme n'était pas enviable et que des auteurs et académiciens contemporain se sont réjouis de réinterpréter pour renforcer la force du patriarcat. Nul besoin de mollah ou de brandir le spectre de l'islamisme pour voir la violence du patriarcat à l'œuvre.
Et pourtant (et malheureusement) c'est ce que fait l'autrice, une forme de féminisme à l'ancienne qui se focalise sur les femmes en Iran ou en Afghanistan sans jamais se questionner sur la place de la femme dans notre société française, (sans dire qu'on est là pour comparer ou minimiser l'une ou l'autre) ; les femmes voilées sont forcément voilées parce qu’un homme les y oblige ; les enfants sont bagarreurs car nourris au jeux vidéos violent ou au « manga mal digéré ». On dirait presque du Ségolène Royal dans le texte (ce n'est pas un compliment...)
Bref, je n'ai pas trouvé grand chose à sauver dans ce livre, si ce n'est qu'il peut donner envie à celles et ceux qui ne connaissent pas les « feuilletons » de l'autrice de s'y plonger. Vous y lirez des textes effectivement féministe, très inclusif, écrit à hauteur d'enfant mais sans infantiliser le récit. Car encore une fois, je les ai aimé autant que ce livre m'a déçu, c'est dire.
(PS : ça m'embête d'être le premier à laisser une critique ici, a fortiori avec cette impression de donner une leçon de féminisme à une femme qui écrit un bouquin sur ce sujet... si vous le souhaitez, discutons là dessous et venez contrebalancer mon propos, d'autant plus si vous êtes première concernée!)