L'Œil du monde par Kadath
Il est devenu assez habituel pour les éditeurs de comparer un peu toutes les saga de fantasy qui ont du succès avec Tolkien et le Seigneur des anneaux, la Roue du Temps n'y fait pas exception ce qui doit laisser songeur pas mal de lecteur devant l'ampleur de cette série. Pour ma part je suis un admirateur de Tolkien, et je dois dire que la plupart des fois où son nom fut associé à un auteur « à la mode » ce ne fut pas probant. Raconter une bonne histoire ne fait pas d'un auteur un Tolkien en puissance, car ce qui prime chez ce dernier c'est la cohérence magistrale de son univers que ce soit dans ses fondements cosmogoniques que dans sa dimension géopolitique. Bien souvent les auteurs modernes se prennent à dresser des cartes et des chronologies de leur monde mais souvent de manière maladroite voire de manière totalement incohérente. Pour moi ces velléités encyclopédistes héritées de Tolkien (qui à l'origine un universitaire, il ne faut pas l'oublier) phagocytent la fantasy moderne. Quid de tout cela ? Le rapport avec la Roue du Temps ?
A mon sens Jordan est un héritier légitime de Tolkien. Il s'agit là du tour de force de sa saga mais aussi l'un de ses points problématiques. Car installer un background aussi conséquent et pensé que celui imaginé par Jordan n'est pas chose aisée. Il faut donc dévorer et dévorer des pages pour commencer à apercevoir la richesse de son univers. Car ce premier opus peut paraître classique à bien des égards. Il est d'abord un hommage à Tolkien justement et sert à poser les personnages principaux. Jordan a très bien compris qu'aussi conséquent soit un background, ce qui prime ce sont les personnages et leur histoire. Et c'est peut être là le principal grief que l'on pourrait avoir contre ce premier tome. Il demeure assez archétypal (jeunes paysans qui ne demandent rien à personne, cavalier noir, etc) et ne laisse pas présager la suite qui est proprement épique et magistrale.
La Roue du Temps ne fait pas partie de ces saga de fantasy, vite lues et digérées. Elle demande de l'implication et à l'instar de Tolkien, pourra parfois rebuter. Elle peut également effrayer par son gigantisme (14 tome assez épais). Mais ça serait se priver d'un saga monumentale, loin des clichés du genre.