L'oeil du purgatoire par Nanash
Quelques mentions de mes éclaireurs sur Jacques Spitz et je me retrouve avec un de ses livres entre les mains. Dans ce très court roman fantastique, Spitz s'attache à disséquer le rapport de ces contemporains à l'apparence et au paraître.
Poldonski, le protagoniste principal vit dans l'image et la sur-estime de soi, bobo avant l'heure, artiste peintre, évidement génial donc forcément incompris, qui vit son oisive existence entre troquet avec des amis et petite amie frivole. L'élément déclencheur nous fait entrer de plein pied dans le fantastique, à la suite d'une péripétie dont je tairai les détails la vision du monde qu'a le peintre va radicalement changer.
Il voit les choses et les gens à leur place mais vieillies.
Par exemple, alors que tout le monde voit un joli bouquet de fleurs, lui verra des fleurs séchées. Et le phénomène s'accentue, jusqu'à ce que la ville se trouve rapidement peuplée uniquement de cadavres et de squelettes habillés des poussières qui étaient leurs vêtements.
Toutes les inégalités se trouvent gommées, le peintre se rend compte du ridicule de son existence et de sa vision du monde d'avant, maintenant que le "jeune" et le "vieux" se confondent et que le "beau" et le désir ont disparu.
On sent l'âge du texte (1945) par le côté surréaliste du thème abordé et des images de Paris qui nous sont données, avec ses cafés d'intellectuels ou les concepts qui germent dans la tête de Poldonski. Mais l'ancienneté se perçoit également dans le style avec des expressions qui fleurent bon le vide grenier mais donne un charme suranné délicat à l'ouvrage.
Intelligente et bien écrite, 7/10 pour cette courte fable.