Un jour Daniel trouve un livre oublié et part à la recherche de son auteur qui l'est tout autant. Cette enquête lui fera remonter le temps et découvrir une histoire sombre dans l'ambiance glauque de la guerre d'Espagne.
Commençons par ce qui blesse, car ce roman comporte quelques grosses lacunes :
- Son histoire n'est en elle même pas exceptionnelle et comporte une belle entourloupe (voir le point en spoiler)
- Le fait qu'une grosse partie de l'histoire parvienne à Daniel sous forme de récits, de témoignages, avec de régulières redondances rend l'ensemble mou, et nous met encore plus en position de spectateur
- Certains personnages, Fumero en tête, paraissent bien trop caricaturaux
- Spoiler pour ce point :
Durant tout le livre on s'étonne des points communs entre Daniel et Julian Carax : une certaine ressemblance physique, une liaison amoureuse interdite, l'ami devenant un ennemi, le stylo Mont Blanc, l'envoi à l'armée. Et tout ça pour rien, aucune explication et donc aucun réel intérêt.
Cette critique s'annonce mal.
Et pourtant...
Et pourtant les 650 pages de ce livre passent très vite ! Tout ça grâce à une écriture magnifique à la fois inventive, qui fait que dès les première pages nos yeux rencontrent des tournures de phrases qui nous font pétiller l'esprit et dont on s'amuse à relire à voix haute pour encore mieux les faire sonner, et aussi précise, retranscrivant l'ambiance lourde, le quotidien crasseux de cette Espagne se préparant à une guerre civile qui enrobe cette histoire pas plus lumineuse. C'est cette écriture qui donne tout son sens et son intérêt à ce roman, ce qui est un peu une nouveauté pour moi, tant habituellement l'histoire est la pièce maitresse et indispensable sans laquelle rien n'est possible.
Pour la première fois, la forme a vaincu le fond et fait que ce livre fut un délice à lire.