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En Allemagne au début du siècle, dans une petite bourgade de la forêt noire, nait un enfant aux dons intellectuels hors du commun. Il sera très vite repéré au milieu des philistins qui peuplent la ville, ses yeux sont entourés d'un halo sombre qu'on donne pour spirituels et sa figure émaciée le rend plus sérieux que ses camarades. Il est très tôt orphelin de mère, celle-ci de nature maladive et préoccupée l'a laissé avec un père frustre et maladroit qui n'a qu'une idée en tête, tirer partie du génie de son fils. Hans Giebenrath devient la fierté de tous, et chacun essaie de faire fructifier ses dons pour qu'il puisse un jour faire honneur à la région. Le recteur de l'école lui enseigne le grec, le pasteur, le latin, et il prend également des cours particuliers de mathématiques, tout cela au détriment des loisirs qu'il affectionnait quelques années auparavant, comme l'élevage de lapins ou la pêche. Mais Hans travaille avec ardeur, prenant de haut ses camarades et ne bronche pas, même quand les mots de tête viennent l'accabler. L'objectif ultime étant de passer l'examen d'état afin de rentrer dans un séminaire pour devenir pasteur, la voie royale pour les élèves doués de la nation. Le grand jour arrive et Hans part à Stuttgart avec son père pour le fameux concours, il n'arrive pas à se concentrer sur autre chose, et après les épreuves qu'il a l'impression d'avoir ratées, il demande à rentrer au plus tôt à la maison. Qu'elle n'est pas sa surprise quand il apprend qu'il est reçu, et qu'il est second de sa promotion. Ses professeurs lui font une véritable ovation, et son père lui autorise même à reprendre la pêche, il rentrera au monastère de Maulbronn à la rentrée. Cependant les vacances qu'espérait Hans vont se transformer en études poussées, il ne faut pas qu'il prenne du retard par rapport à ses futurs condisciples, qui risquent de s'avancer pendant les vacances, et d'ailleurs, il faudrait qu'il commence à apprendre l'hébreu, nouvelle discipline... Docile, l'adolescent reprend ses cours particuliers malgré les céphalées qui l'assaillent. Une fois installé au monastère, il se fait très vite à la vie de l'internat, bien que n'étant pas très sociable, il vit la communauté en observateur tout d'abord, mais finit par se faire un ami fidèle en la personne de Hermann Heilner, poète mélancolique. Celui-ci tient plus du génie que Hans qui a besoin de travailler, et son côté rebelle déteint peu à peu sur notre héros, qui délaisse les études pour se consacrer à sa virile amitié.

J'avais lu il y a quelques années Voyage en Orient que j'avais plutôt apprécié, et en passant devant les rayons de la médiathèque je me suis dit tiens Hesse, ça fait longtemps, pourquoi pas? Je crois que j'aurais pu m'abstenir... Je n'aime pas le romantisme, et là j'ai été servie. C'est un roman qu'on appelle d'apprentissage, où l'on voit le jeune homme évoluer, se forger un caractère et des sentiments. Mais c'est d'une lenteur, et d'une tristesse. On en vient à souhaiter au bout de quelques pages que ses mots de tête soient les symptômes d'une maladie grave pour qu'il se passe enfin quelque chose. Les études du grec et du latin, et l'internat m'ont rappelé mon hypokhâgne, et bien sûr l'internat qui l'a précédée, et ce ne sont pas vraiment les meilleurs souvenirs de ma vie. Pour ce qui est du style, Hesse se complait dans des énumérations d'adjectifs, on croirait qu'on lui a demandé une dissertation en tant de mots et qu'il fait du remplissage, c'est très désagréable. D'autant plus que le thème lui même, de la dégradation de l'âme de l'adolescent par l'acharnement des adultes à vouloir le modeler comme il le souhaitent, jusqu'à sa fin tragique, est très bon, mais tellement dilué qu'il en devient une soupe fade et indigeste. L'auteur se sert du personnage d'Hans pour faire une sorte d'autobiographie, et retrouve en lui le garçon fragile et intelligent qu'il était alors. Il fait une critique du modèle protestant qui brise l'individu pour qu'il rentre dans son moule. Un beau passage cependant, celui où Hans redescend du pied piédestal où on l'a installé malgré lui et se rend compte de la dignité des travailleurs manuels, grâce au personnage le plus noble du récit, le cordonnier Flaig, de qui il aurait dû suivre les conseils dès le début du récit. Les descriptions des paysages sont intéressantes bien qu'il y ait ces énumérations irritantes. L'Ornière est,à mon avis, loin d'être le meilleur roman d'Hesse, qui a tout de même reçu un prix Nobel de littérature, il rend toutefois parfaitement la mélancolie et les questionnements qui harassent les âmes adolescentes.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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