Mon premier livre de Nathalie Sarraute, autrice dont j'avais beaucoup entendu parler, et notamment pendant mes cours de français du collège et l'étude de la période du nouveau roman et les Editions de minuit, que j'avais adoré. Ayant trouvé ce livre chez un bouquiniste installé à la fête de l'huma, je l'ai finalement lu, un an et demi après.
Je dois dire que je n'ai pas été déçue par cette lecture ! Tout d'abord, le style de Nathalie Sarraute, est absolument délicieux. Il s'inscrit évidemment dans cette période critique de la littérature, où le lecteur est constamment pris à partie, on le questionne, on lui parle, on le surprend et parfois même, on le déçoit à dessein. Le style est particulièrement bienvenue pour le sujet en lui même... l'usage de la parole. Car au fond, à quoi sert la littérature, sinon à questionner sans cesse les mots qui nous sont acquis, qui forgent notre pensée, notre relation à nous-même et à l'autre. Ces mots qui sont pourtant si finis, si limités, qui nous piègent et nous ramènent à notre humble condition humaine.
Dans ce court écrit, Sarraute s'emploie donc à nous expliquer à nous - oui nous, lectrices et lecteurs attentif.ves ou dubitatif.ves - ces expressions du quotidien que nous utilisons beaucoup, parfois trop, ou au contraire pas assez, pour qualifier une situation ou pour s'en extirper. Au travers de seulement 10 expressions, l'autrice parvient à aborder toute sorte de sujets, des plus graves au plus touchants : la mort, la famille, l'amour, la hiérarchie, la pensée, les codes sociaux, et j'en passe.
C'est court, léger et pourtant essentiel - un livre à lire et à relire avec plaisir, en entier ou chapitre par chapitre, dans un café ou dans un métro, en regardant les passant.e.s converser innocemment avec ces expressions dont ils ignorent toute l'étendue...