Philippe Durant est un fin connaisseur de l'histoire du cinéma et il a consacré des biographies à Ventura, Belmondo, Audiard entre autres. Dans ce livre très agréable à lire, il nous raconte les liens qui unissaient Gabin, le "Vieux", et sa bande. Plus qu'une troupe unie, il s'agissait d'un groupe hétéroclite d'hommes partageant la passion du cinéma, bien que Gabin n'ait cessé d'affirmer que le cinéma était pour lui un simple gagne-pain, servant uniquement à entretenir sa famille, sa ferme et ses animaux en Normandie. En réalité c'était bien sûr un passionné et être invité chez lui en Normandie était un énorme signe de confiance ! Mais ces hommes partageaient aussi des loisirs, comme le sport, la bonne bouffe et des repas gargantuesques, le goût des blagues aussi, que ce soit les canulars téléphoniques de Blier, les "chasses aux cons" de Jean Carmet dans les bistrots ou encore les déménagements de chambres d'hôtel par Belmondo et ses potes !
Dans cette bande de proches, des acteurs amis comme Ventura, Blier, Carmet, des réalisateurs (Verneuil, Grangier...) et l'indéboulonnable Michel Audiard. Surtout, au-delà du cinéma, il y avait entre eux le goût de l'amitié vraie et entière, être là pour ses proches s'ils en ont besoin. À partir de là, pour Gabin et les autres, pas de demi-mesure : le contact se fait ou alors pas du tout dès la 1ère rencontre. De Funès ne s'est jamais entendu avec Gabin, sans doute des caractères trop différents avec des méthodes de travail opposées. Au contraire Belmondo et Delon, la nouvelle génération, ont été tout de suite adoptés par leur aîné. Gabin se reconnaissait dans ces "jeunes loups" qui lui vouaient un immense respect. Certains ont été purement et simplement exclus de la bande et l'exclusion était définitive :Maurice Biraud a fait les frais de l'engueulade entre Gabin et Audiard lors de "Mélodie en sous-sol" et n'a plus jamais retourné avec Gabin... C'est enfin une histoire de transmission. Delon l'a bien décrite comme une famille dont Ventura serait le jeune frère spirituel de Gabin et Belmondo et lui-même ses fils. On retrouve dans ce livre des anecdotes très connues dont les règlements de compte entre Truffaut et Audiard (très salés !!!!), d'autres moins célèbres.